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Le Judaïsme expliqué aux non juifs.
Une vue générale du Judaïsme destinée à des non Juifs qui veulent mieux comprendre ce qu'est le judaïsme et ce que sont les juifs.
Par Gilbert Natan                                                                                                                                                                                                                                                Version 12/11/2021
Intérieur Synagogue


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Dessin en en-tête : Intérieur de l'ancienne synagogue juive séfarade de Bruxelles :
Durant l’office, le rabbin s’adresse aux fidèles. (Cette synagogue était située à Schaerbeek. Elle a été fermée au culte et désacralisée en mars 2015). L’inscription en lettre d’or près du plafond de l’édifice veut dire : « Cette maison est une maison de prière pour toutes les nations ».

On voit aussi l’autel ou Téba, c'est-à-dire le Pupitre de prière où l'on peut déposer un des rouleaux des tables de la loi pour la lecture.
A l’arrière : tenture protégeant le tabernacle, armoire de rangement des rouleaux de la loi (les sephers Tora)
Autour : des ornements qui viennent se mettre au-dessus des rouleaux lors de leur sortie.



Avant-propos.

On parle souvent des Juifs ou des Israélites, ce qui revient au même. Quel non-Juif n'a pas déjà fréquenté un Juif ?
Le judaïsme est à l'origine des deux grandes religions monothéistes : chrétienne et musulmane. Qu'ont-ils en commun ?
La religion juive apparaît à beaucoup comme complexe et surannée. Peut-on la comprendre ? Elle est, aussi, loin d'être homogène, ce dont on ne se rend souvent pas compte.
Mon but, dans ces quelques chapitres, est de faire comprendre ce qu'est le Juif, sa religion, et ce qu’on entend par « judaïsme » ou « judéité ».


Ici vers un lexique de termes utilisés

Sommaire

A. PREAMBULE .....................................................................................................................................
  1. QU’EST-CE QUE LE JUDAÏSME ? ....................................................................................................
  2. COMBIEN Y A-T-IL DE JUIFS ? .......................................................................................................
  3. DÉFINITIONS .....................................................................................................................................
  4. QUI EST JUIF ?.....................................................................................................................................
  5. ASPECT EXTÉRIEUR . .......................................................................................................................
  6. LES COMMUNAUTÉS JUIVES .........................................................................................................
  7. LE MOUVEMENT HASSIDIM ...........................................................................................................
  8. LES JUIFS ULTRARELIGIEUX. ..........................................................................................................
  9. LES JUIFS « LAÏCS». .........................................................................................................................
  9.bis LES JUIFS D'AILLEURS
 10. ET LES NON-JUIFS ? LES « GENTILS » OU « GOYS » EN HÉBREU ? ........................................
 11. ET LES SIONISTES ?
 12. LA SITUATION DE LA FEMME DANS LE JUDAÏSME. ..................................................................
 13. LE STATUT DE L’EMBRYON............................................................................................................
B. HISTOIRE ............................................................................................................................................
  1. LE CALENDRIER JUIF ........................................................................................................................
  2. QUELQUES DATES CLÉS DE L'HISTOIRE DU JUDAÏSME (AVANT ET APRÈS J.-C.) .................
C. RELIGION..............................................................................................................................................
  1. GÉNÉRALITÉS ......................................................................................................................................
  2. LES PRINCIPAUX OUVRAGES DE BASE DU JUDAÏSME ..............................................................
D. QUELQUES PRESCRIPTIONS RELIGIEUSES. ..................................................................................
  1. LA PRIÈRE ..............................................................................................................................................
  2.  LE RESPECT DE LA VIE.......................................................................................................................
  3. LA BIENFAISANCE ..............................................................................................................................
  4. L’ÉTUDE DE LA LOI. ............................................................................................................................
  5. LES PRESCRIPTIONS ALIMENTAIRES ..............................................................................................
  6. AUTRES PRESCRIPTIONS. ....................................................................................................................
  7. LA LOI JUIVE ET L’HOMOSEXUALITÉ
E. LES PRINCIPALES FÊTES JUIVES .......................................................................................................
F. HISTOIRE DE L'ÉCRITURE HÉBRAÏQUE .............................................................................................
G. QUELQUES PERSONNALITÉS JUIVES ...............................................................................................
ANNEXE 1 : ALPHABET HEBREU ET VALEUR NUMERIQUE DES LETTRES ......................................
ANNEXE 2 : ARBRE DES RELIGIONS ISSUES D’ABRAHAM ................................................................
ANNEXE 3 : ANCETRES BIBLIQUES ..........................................................................................................
ANNEXE 4 : LE CANTIQUE DES CANTIQUES ........................................................................................
ANNEXE 5 :  L'ETAT D'ISRAËL EN 2019....................................................................................................................

LEXIQUE DE TERMES SPECIFIQUES UTILISES ...........................................................................................................................................................
RÉFÉRENCES ...............................................................................................................................................
NOTE SUR LES ILLUSTRATIONS .........................................................................................................................................
POSTFACE : A PROPOS DE L' AUTEUR
REMERCIEMENTS .......................................................................................................................................


A. PREAMBULE 

1. Qu’est-ce que le Judaïsme ?

Est-ce la foi en un Dieu unique ? Est-ce un culte ? Un code d’observances et d’éthique ? Une somme d’expérience et de savoir accumulée par un peuple durant des siècles ? Ou encore une conception particulière du monde et de ce qui l’entoure ?
Eh bien, on peut dire que le Judaïsme c’est tout cela, mais que l’ensemble ne doit pas être cumulé pour définir ceux qui adhèrent au Judaïsme. les Juifs forment donc un ensemble de gens qui adhèrent à une culture commune, à un mode de vie, et le plus souvent à une confession et/ou à des pratiques religieuses qui sont décrites dans les chapitres qui suivent. En règle générale, peut-on comprendre une religion sans connaitre la culture qui l'a engendrée ?
 
Respect de la vie : un concept fondamental du judaïsme, que l'on retrouvera appliqué dans bien des cas abordés ci-dessous. Cette règle fondamentale, héritée des Anciens, prime toutes les autres règles de l'existence ou les prescriptions religieuses des juifs. Mais elle n'a pas toujours été appliquée vis à vis des autres peuples, comme la Bible nous le rapporte.
Respect de la vie. Un exemple récent : lors de la crise sanitaire vécue dans nos régions de mars 2020 à début 2022, il n'a pas fallu attendre des édits gouvernementaux pour que les autorités juives de toutes tendances ferment leurs lieux de culte ou en limitent les accès. Fait histoique, la fête de Pâques 2020 fut ainsi uniquement célébrée en famille confinée.


2. Combien y a-t-il de Juifs ?

Le dénombrement reste un peu délicat, car il faut répondre à la question "qui est juif" (voir point 4) :
D'après le bureau central de statistique israélien (CBS), il y aurait en 2018 environ 14 millions de juifs dans le monde, dont 43% en Israël et 39% aux USA.
Les autres sont dispersés dans le monde entier.
On retiendra que l'Argentine en comptait 400.000, mais que la crise économique de 2001 en a réduit le nombre à 42.000 ! La plupart on immigré en Israël.
Et en Belgique? En 1939, on comptait 65.000 Juifs. Ce fut le maximum. En 2010, on estimait qu’il y en avait de 30 à 35.000, surtout concentrés à Anvers (15.000 dans la communauté orthodoxe) et Bruxelles. Les événements antisémites et antisionistes de 2004 ont provoqué des départs vers Israël, Il en resterait 11.200 en 2019.

Les chiffres suivants ont été publiés en 2013 par le North American Jewish Data Bank.

 Israël :     5.800.000, 73% de la population du pays.
 USA   :    5.700.000,   1,8%
 Canada :    386.000,    1,1 %
 France :     460.000    0,73 %    (La France, avec ses 67 millions de personnes en 2019 est plus peuplée que le Canada (34 millions) !
 

3. Définitions

Quelle est la différence entre Sémites, Israéliens, Israélites, Juifs, Hébreux?
Sémite : (Sem, fils de Noé) c'est quelqu'un appartenant à un ensemble de peuples du Proche-Orient, parlant ou ayant parlé, dans l'Antiquité, des langues sémitiques (Akkadiens (Assyro-Babyloniens), Amorrites, Araméens, Phéniciens, Arabes, Ethiopiens, Hébreux).
Hébreu :
a) Les Hébreux :peuple sémitique de l'Orient ancien, dont la Bible retrace l'histoire à partir de 2000-1770 av. J.-C., avec les tribulations d'Abraham, le patriarche, venant d'Ur (pays des Araméens) et amenant sa tribu vers la Terre Promise. Une des grandes étapes fut la sortie d'Egypte sous la conduite de Moïse qui, dans le désert du Sinaï, reçut de Dieu (Yahvé) les tables de la loi. C'est le début de la confession juive. (Le nom "Hébreu" dérive vraisemblablement de celui d'Éber (Évèr), arrière-petit-fils de Sem et ancêtre d'Abraham (Gn 11:10-26)).

b) L'hébreu : langue sémitique parlée autrefois par les Hébreux et qui est aujourd'hui la langue officielle de l'Etat d'Israël.
Israélite : relatif à l'Israël biblique ou = Juif ; descendant d’Israël ; personne qui appartient à la communauté, à la religion juive. (Abraham eut 2 fils, Ismaël et Isaac. Isaac et deux fils : Esaü et Jacob. Après son combat avec l’ange, Jacob fut nommé par l’Ange « Israël ».
Juif : personne appartenant à la communauté israélite, au peuple juif ou qui adhère aux valeurs du Judaïsme. Voir point 4.
Note : la Bible ne connaît que les Hébreux. D’où vient l’appellation « Juif » ? Voici la réponse fournie par S. Fellous dans «Histoire du judaïsme » : Les Hébreux déportés à Babylone ( -500 ) venaient de Judée. Les Assyriens les désignaient comme «Yahu-du », « venant des collines de Juda ». La première mention de « juif » apparait dans l’histoire d’Esther qui se passe précisément en Assyrie. En grec, cela prit le nom de « iouadaios », puis en latin « judaeus ». De là, au Moyen Age en Occident, le nom, à connotation péjorative, de « Juif ».
Israélien : citoyen de l'Etat moderne d'Israël.
Israélite : Adepte de la confession juive, ou relatif à l'Israël biblique ou Juif.
Monothéisme : Croyance en un Créateur unique et trancendant, non représentable.
Ce dogme fondamental fut répendu par le peuple hébreux et leurs descendants, les israélites. Repris ensuite par les musulmans et les chrétiens.
Quelles sont les désignations de Dieu utilisés par les Hébreux et puis les Juifs?
Son véritable nom est dit imprononçable. C’est le « Tétragramme », ou « YHWH » dit "Yah-vé" . Dès lors un grand nombre de noms Lui ont été attribués dans les textes sacrés et les prières. Les plus courants : « Adonaï », qui signifie maître et gouverneur de l’univers. « Elohim », qui signifie Être fort et Puissant. « Seigneur », dont l’équivalent proche en hébreux est « Hashem », c.a.d. «Le Nom ». « L’Eternel » « Le Tout-Puissant », « Notre Père », « Le Miséricordieux », "Le Verbe" car Il a parlé et le monde fut, …il y en encore un très grand nombre.

4. Qui est Juif ?

a) Une mère juive donne automatiquement naissance à un enfant juif, que le père soit juif ou non. En effet, c'est la mère qui détermine automatiquement l'appartenance au judaïsme. Cette règle fut édictée par les rabbins au 1er siècle de notre ère, car nombre de femmes se faisaient violer par la soldatesque, et trop d’enfants naissaient de père inconnu. Avec les progrès de la science, cette règle pourrait être étendue à l'enfant né d'un père reconnu comme père biologique.  
Le fait d'être juif est indépendant de toute pratique religieuse, mais cela n'était pas concevable avant le XXème siècle. 
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b) Toute personne peut devenir juive ; la chose est cependant difficile car la personne candidate doit montrer son désir profond de conversion à une vie juive.
Du point de vue confessionnel :
1° Elle doit suivre l'instruction religieuse et apprendre à lire l'hébreu.
2° Elle doit passer les tests auprès du Consistoire Central des Juifs du pays où elle réside.
3° Ensuite, elle passera éventuellement des examens en Israël où elle sera jugée par le Haut Rabbinat.
4° Si elle a réussi toutes ces étapes, elle poursuivra de longues études en étudiant la « Thora » c'est-à-dire « La Loi » contenue dans les cinq premiers livres de la Bible. Le postulant prendra aussi connaissance du Talmud et autres livres sacrés …(voir C 2.b)
5° Si c'est un homme, il doit être circoncis.
De nos jours, ces épreuves sont largement réduites et facilitées dans la plupart des communautés juives. Chandeleir Menorah 7
c) Depuis Moïse, et surtout depuis l'instauration du Grand Temple de Jérusalem, le chandelier à 7 branches (Menorah) est significatif de la présence juive. Sa symbolique complexe peut se résumer en une recherche de la lumière qui éclaire le monde. On en retrouve un exemplaire dans la majorité des foyers juifs depuis le VIII ème siècle. Les anciens chandeliers fonctionnaient tous à l'huile d'olive pure. Le chandelier à 7 branches est devenu un symbole de l'Etat d'Israël.

5. Aspect extérieur.

Un Juif n'est pas nécessairement quelqu'un avec des papillotes et un chapeau, comme on en voit à Anvers ou au Mur des Lamentations. L'aspect, le type, les coutumes des Juifs varient fortement d’après leurs origines, les pays où ils ont vécu et leurs traditions propres Il y a même des Juifs noirs en Ethiopie : les Falashas, dont la majorité a été ramenée en Israël.
Les juifs religieux sortent couverts, la majorité portent une kippah (voir le chapitre D 1 sur la prière) dans les régions où ce signe distinctif ne peut pas leur nuire.
Etoile de DavidEt l’étoile de David, qu’en est-il ?
Signe distinctif porté par les juifs en pendentif et que l’on retrouve dans leurs objets religieux, leurs synagogues et leurs monuments ? L’étoile de David, ou bouclier de David, « magem David » en hébreu, est à la fois un signe religieux et un signe d’appartenance des juifs.
Note : Ce signe est relativement récent dans l’histoire des juifs.
Cette étoile avait un caractère magique, et on la retrouve dans de très anciennes civilisations, comme le svastika d’ailleurs. Il semble n’avoir que très peu à voir avec le roi David. Des rabbins l’adoptèrent comme signe kabbalistique (voir Kabbale au chap. 2,7) vu ses 6 branches = 6 jours de la semaine et son centre qui représente le 7ème jour. Les kabbalistes lui trouvèrent toute une symbolique complexe. Il apparut pour la première fois en Occident sur une synagogue au XVII -ème siècle, à Prague.Etoile juive 1942
Il se répandit ensuite largement sur les objets religieux et devint progressivement un symbole du judaïsme. Les nazis marquèrent les juifs du signe de l’étoile de David, en jaune, couleur distinctive des prostituées. Paradoxalement, ainsi, ceux qui voulurent l’extermination du peuple juif contribuèrent à l’universelle adoption de ce signe de David par les juifs, et l’étoile de David fut choisie comme drapeau d’Israël en octobre 1948.

6. Les communautés juives

Il y a deux grandes communautés juives qui remontent au temps où les Romains chassèrent les Juifs de la Palestine.
a) Les Ashkénazes, originaires des nombreuses communautés qui vivaient au nord et à l'est de l'Europe, Russie comprise. Leur origine remonte à l'occupation romaine de la Palestine qu'ils furent obligés de fuir. Ils s'exprimèrent alors progressivement entre eux en yiddish, langue judéo-germanique enrichie de mots russes ou polonais. (Ashkénaze vient sans doute du nom du patrarche biblique Ashkenaz, mais désigna ensuite l'Allemagne pour les juifs. Le yiddish subsiste encore dans beaucoup de ces communautés.
b) Les Séfarades, originaires du sud de l'Europe et de l'Afrique du nord. (Depuis le XIII -ème siècle « Séfarade » désignait en hébreu la péninsule ibérique). Les Juifs d'Espagne et du Portugal s'exprimaient en ladino, langue judéo-espagnole. Après avoir été expulsés d'Espagne en 1492, beaucoup trouvèrent refuge dans les pays du pourtour de la Méditérrannée, dont l'Empire Ottoman. Ils y conservèrent langue et coutumes.
L'usage du ladino s'est progressivement perdu avec le démantèlement des communautés juives d'Afrique du Nord.

À l'intérieur de ces deux grands groupes, il y a diverses communautés qui diffèrent par la rigueur de leurs pratiques religieuses.
De ce point de vue, on distingue, d’une part, les Juifs ultra-orthodoxes, d’autre part, les Juifs libéraux. Entre les deux, divers degrés existent. En Belgique, on trouve des orthodoxes en nombre à Anvers. Ils sont reconnaissables à leurs vêtements noirs typiques. De telles communautés se retrouvent dans beaucoup de grandes villes d’Occident. Voir 8 et 9 ci-après.
Avec le XX -ème siècle ce sont ajoutés les Juifs libéraux , qui habitent surtout dans les pays anglo-saxons ; où ils sont nombreux. Leurs 
mœurs religieuses sont beaucoup plus libres, au point que certaines femmes peuvent devenir rabbin, mais elles ne sont pas reconnues par le Grand Rabbinat d'Israël. Leur origine remonte au mouvement dit « judaïsme réformé » qui naquit en Allemagne vers 1850. Ce mouvement se démarquait du judaïsme traditionnel en se voulant plus proche de la société « moderne » du temps. Il n’acceptait plus diverses contraintes religieuses imposées par la foi ancestrale.

On notera aussi que les communautés juives, quelles qu'elles soient, furent culturellement très marquées par les civilisations auxquelles elles s'intégrèrent. C'est ainsi qu'en Israêl on retrouve de profondes différences entre, par exemple, les juifs originaires de Russie, ceux originaires du Nord de l'Afrique (des Sépharades en majorité), ceux venus de l'Europe de l'Ouest, dont la France, et ceux venus des pays de l'Est, dont la Pologne.

7. Le mouvement Hassidim

Il existe aussi divers mouvements importants issus du Judaïsme.
Le plus important actuellement est celui des Hassidim (en hébreu « les pieux »). C'est en 1740 que le Rabbin Israël Ben Eliezer (aussi connu sous le nom de Baal Shem Tov) fonda dans les Carpathe l'école hassidique. Cette communauté, d'orinine rurale, prit une extension considérable dans l'Ukraine actuelle et en Roumanie. Les Hassidim ont immigré depuis en Israël et aux États-Unis.
Les tenants de l’hassidisme prônent un judaïsme joyeux, où la danse tient une grande place de même que le contact avec la nature. En opposition avec le judaïsme académique 
Ashkénaz, c'est un mouvement d'origine populaire, où les récits symboliques et les paraboles rencontrent la faveur des croyants.
Les contes de Rabbi Nahman en sont l’illustration la plus célèbre. Leur morale : ne jamais se décourager, toujours se réjouir.
L’hassidisme constitue un des mouvements religieux actuels des plus profonds et des plus curieux. Ses adeptes sont reconnaissables à leurs habitudes vestimentaires marginales (chapeau large et habits noirs). Les hassidim sont actuellement présents dans tous les pays européens.

8. Les Juifs ultrareligieux.

Juifs anversoisAussi dits « Orthodoxes ». Ils ne peuvent vivre qu’en communauté géographiquement délimitée, car ils suivent une interprétation de la Loi religieuse juive extrêmement stricte, faite d’interdictions et d’obligations. Certaines de ces communautés vivent dans de grandes villes, telles New-York, Montréal ou Antwerpen (Anvers). Voir dessin pour leur apparition vestimentaire.
En Israël on les trouve en grand nombre dans certains quartiers de Jérusalem et dans des « Colonies ». En Israël, ces juifs manifestent une certaine intolérance religieuse, obligeant même les non juifs à respecter diverses lois religieuses. Ils sont aussi intransigeants sur le maintien des territoires du « Grand Israël » biblique
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9. Les Juifs « laïcs».

Un Juif qui se qualifie de laïc, c’est une personne qui revendique son appartenance au peuple juif, peuple qui lui-même est déterminé par une histoire, un présent et un avenir. Le Juif laïc rejette toute croyance religieuse et fait clairement la distinction entre « peuple » et « confession ou religion ». Le Juif laïc entretient un rapport de solidarité privilégié avec les Juifs dans le monde et avec Israël.
Jean-Philippe Schreiber ( Professeur ordinaire à l'Université libre de Bruxelles (ULB), où il a dirigé de 2003 à 2007 le Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité (CIIERL)
décrit la laïcité juive comme « symptomatique de la crise qui a traversé le judaïsme après la Shoah : il s’agissait d’offrir une réponse à ceux qui ne pouvaient plus avoir la foi mais qui voulaient garder un lien avec la vie communautaire juive ».
Le même Schreiber observe avec intérêt que le judaïsme laïc a voulu conserver les rites de passage, ce qui lui permet de perpétuer la tradition juive : naissance, bar mitsva, mariage et de laïciser certaines des fêtes religieuses décrites au chapitre E. A ce propos, Noël n’est-il pas devenu pour beaucoup une fête laïque où l’on célèbre uniquement la Paix ?
En Belgique, le judaïsme est officiellement considéré comme une confession religieuse. Les Juifs laïcs, eux, sont rangés officiellement dans la conviction philosophique agnostique.
A noter qu’environ 50 % des Juifs en Israël se définissent comme « laïcs ».

9 bis. Les Juifs « d'ailleurs».

J'ai ajouté ce paragraphe suite à la parution, en 2020 pour la traduction française, de l'ouvrage collectif qui porte ce titre. (Voir références).
Il y est montré qu'en plus des communautés citées, il existe des dizaines de communautés méconnues qui se  revendiquent de leur judaîcité et dispersées en Afrique noire, dans le Caucase, en Inde, en Chine, en Amazonie ou encore aux Caraïbes.
Elles remontent à la plus haute antiquité ou, au contraire, aux dernières décennies. Et il en nâit de nouvelles presque chaque année, parmis les noirs des USA par exemple !                

10. Et les non-Juifs ? les « Gentils » ou « Goys » en hébreu ?

Ont-ils droit, aux yeux des rabbis juifs, à une rédemption dans le monde à venir ?
Selon la tradition hébraïque, Dieu fixa à Noé 7 règles fondamentales à observer en ce monde.
Ces règles furent transmises à sa descendance, et donc à Abraham et Moïse lequel recevra une révélation complémentaire. Ces lois dictées à Noé sont :
• Etablir des tribunaux,
• Interdiction de blasphémer,
• Interdiction de l'idolâtrie,
• Interdiction des unions illicites,
• Interdiction de l’assassinat,                                                                                               
• Interdiction du vol,
• Interdiction de manger la chair arrachée à un animal vivant.
Donc, selon le judaïsme, tout non-Juif qui vit en accord avec ces sept lois est considéré comme un Gentil Vertueux et a, par l'observance de ces lois, sa part au monde à venir. Les adhérents à ces lois sont souvent appelés B'nei Noah (Enfants de Noé) ou Noahides, et peuvent se retrouver dans des synagogues juives.

11. Et les sionistes ?

Le sionisme est une idéologie politique fondée sur un sentiment national juif. Il prône l'existence d'un centre territorial ou d'un état peuplé par les juifs en Terre Sainte. Son principal théoricien fut Theodor Herzl. Il publia en 1896 un ouvrage de base prônant l'existence d'un Etat juif : "Der Judensstaat"., en hébreux "Eretz Israël".

Devenu réalité après en 1948, les partisans d'un retour des juifs en Israël furent nommés sionistes.

Les sionistes se partagent entre différents courants qui vont des sionistes travaillistes aux sionistes religieux juifs ou même chrétiens.

Le terme sionisme fait référence au « retour à Sion » qui est une colline de Jérusalem.
Depuis la fin du XXème siècle, sioniste désigne aussi ceux qui justifient l'annexion de territoires palestiniens pour reformer l'ancien territoire du "Grand Israël" antique (Eretz Israël).
De nos jours, il est important de distinguer une position antisioniste, acceptable, d'une attitude antisémite, inacceptable.


12. La situation de la femme dans le Judaïsme.
Pour les Juifs non pratiquants, la femme juive en Occident, et encore plus en Israël, est considérée en tous points comme l’égale de l’homme.
Pour les Juifs religieux, la femme juive est considérée comme complémentaire de son mari. Il n’y a pas de notion d’infériorité dans la vie « civile », mais bien dans la vie religieuse. La question est développée ci-dessous pour ceux, souvent nombreux, que la question interpelle.
Pour les Juifs pratiquants, la loi juive regarde la femme de deux façons différentes :
D’un côté, la femme est louangée dans les écrits saints comme étant la maîtresse du foyer, la responsable de l’éducation de ses enfants, l’aide indispensable de son époux. Les pratiquants récitent chaque vendredi soir, debout, avant le repas, une louange en l’honneur de la maîtresse du foyer. La femme juive a droit à une éducation religieuse ou non et peut exiger le divorce en cas de mauvais comportement de son mari. Sa tenue vestimentaire doit respecter une pudeur assez stricte chez les religieux orthodoxes, mais l’homme aussi. Pour les deux, la tenue doit être modeste, certains aimeraient que ce point soit un peu plus respecté ?
La Bible connaît des femmes : les premières importantes sont Eve et Sarah, épouse d'Abraham. Des femmes héroïnes : Esther, Rebecca, et même une prophétesse, Myriam, 
sœur d’Aaron et Deborah prophétesse et juge. On cite volontiers l’aventure vécue par Moïse, réfugié au pays de Madian, avant l’exode. Il aurait vu les quatre filles de Jethro qui venaient faire abreuver leurs troupeaux à la source. Ces filles avaient été rejetées par les pasteurs présents. Moïse avait pris leur défense et ainsi leurs troupeaux eurent à boire.
D’un autre côté, la femme est marquée par une association ancestrale, association que l’on retrouve dans presque toutes les civilisations anciennes : C’est l’association entre le sang, la vie et la mort, la pureté et l‘impureté.
La mort était « impure » pour les hébreux, elle a entraîné des interdits repris dans la loi juive. Cela joue dans les obsèques, on en reparle plus loin.
Les menstruations avec leur écoulement de sang
rendent la femme impure aux yeux de la loi juive (et musulmane aussi). On ne peut donc la toucher, et elle ne peut toucher aucun attribut du Sacré durant ses règles. Il en est de même de la période qui suit l’accouchement.
Un livre en référence, concernant les consultations gynécologiques, révèle que cette attitude est partagée dans de très nombreuses religions anciennes ou encore actuelles et se traduit par de nombreuses interdictions. Si la religion catholique s’en est libérée, il n’en reste pas moins que l’accès à la prêtrise, donc au Sacré, est refusé aux femmes catholiques romaines et orthodoxes.
Du point de vue des rabbins, la femme n’occupe donc pas une position équivalente à celle de l’homme dans les rapports au Sacré. Elle ne doit d’ailleurs obéir qu’à un nombre plus limité d’obligations religieuses que l’homme. Ce statut particulier de la femme n’est pas que négatif : elle est considérée comme l’est le Temple, Temple qui crée la Vie et qui ne peut être approché que dans un état de pureté.
Chose qui intrigue souvent les catholiques : dans les Synagogues traditionnelles, les femmes sont reléguées en galerie ou à l’arrière. C‘est à la fois parce qu’il y a incertitude sur leur situation de « pureté » et parce qu’elles ne sont pas obligées d’assister à tous les offices, ni même à leur entièreté. A noter : La séparation homme/femme dans les églises catholiques était encore de règle au début du XXème siècle.
L’être juif masculin a l’honneur de pouvoir servir le Seigneur de plus près, cet honneur, il l’en remercie dans une prière souvent mal interprétée : « Merci, Seigneur, de ne pas m’avoir fait naitre femme ». A noter encore : chaque premier jour du mois ( Rosh Hodesh ) est consacré à la célébration de la femme et elle y est déchargée de certains travaux. Cet hommage remonte à la création du Tabernacle destiné à abriter les tables de la Loi, après l’incident grave de l’adoration du veau d’or.
Enfin, signalons qu’en hébreu, homme se dit « Ich », et femme « Icha ». Ils ont donc la même racine sémantique, contrairement à la majorité des autres langues. Ceci est très significatif.
Evolutions récentes : L'étude de certains ouvrages religieux a été longtemps interdite aux femmes, et elle l'est encore dans certaines communautés. Ceci est en train d'évoluer. Aux USA et en Israël on crée des écoles talmudiques pour femmes. Celles-ci sont souvent admises à pouvoir lire et même commenter publiquement le Talmud. (Définition en C 2, e). Par contre, il est regrettable à mes yeux que certaines communautés juives ultra-orthodoxes installées en Israël tiennent à un véritable apartheid entre hommes et femmes dans toutes les conditions de la vie publique et même privée. Il me parait aussi inexplicable que des femmes de ces communautés portent une perruque pour mieux respecter le prescrit de la tête couverte.

13. Le Statut de l’embryon dans le droit juif.

Cette question qui apparait très actuelle a, en fait, déjà été débattue par les sages. En résumé leurs conclusions telles qu’elles apparaissent dans le Talmud. (cfr. chap. C 2, f) :
- Jusqu’à 40 jours, l’embryon n’est pas considéré comme ayant une existence propre. Il peut donc être extrait pour raisons médicales ou psychologiques (mère violée par ex.). De par ce raisonnement, si une violence est faite à une mère enceinte, ce fait est considéré comme un délit, non comme un crime.
- Si l’embryon met en danger la vie de la mère, il est considéré comme « l’agresseur » de sa mère. Il peut être éliminé, car la vie de la mère prévaut sur celle de l’enfant potentiel qu’elle porte.
- Dès que la tête de l’enfant apparait, celui-ci devient homme ou femme à part entière.


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B. HISTOIRE

1. Le calendrier juif.

Le calendrier juif remonte à 3.760 ans av. J.-C., date prise pour être celle de la création du Monde, c'est-à-dire la venue sur terre de l'homme accompli et pensant. Le calendrier juif est basé sur les cycles de la lune, comme celui de beaucoup de civilisations anciennes. L'année juive comporte donc 12 mois de 29 ou 30 jours, pour rester plus ou moins en phase avec l’année solaire.

Roue zodiacale juiveL'illustration : Mozaïque du 6 ème siècle, synagogue de Beth Alpha en Israël. C'est une adaptation juive qui reprend les signes du zodiaque de la civilisation greco-romaine. Les douze signes se trouvent autour du cercle central. Les motifs des coins représentent les piliers de l'année, soit les solstices et équinoxes, chacun dans le mois de son arrivée.
Pour les curieux, entrons dans des détails qui ont leur intérêt :
Année liturgique des chrétiens orthodoxes (Eglise de Jérusalem).
Pour ces chrétiens orientaux, dont le rite est d’origine byzantine, le début de l’année fut fixé en septembre. Le cycle des fêtes est proche de celui du judaïsme.
Données astronomiques :
Une révolution complète de la terre autour du soleil prend 365,26 jours. Une révolution lunaire par rapport à une étoile éloignée prend 27,32 jours, c’est le mois lunaire sidéral. Le temps entre deux phases identiques de la lune est de 29,53 jours solaires moyens, c’est le mois synodique. L’année lunaire prend ainsi environ 355 jours, soit 11 jours de moins que l’année solaire.
Les Babyloniens avaient déjà imaginé un système pour rester alignés au soleil tout en gardant un calendrier lunaire. Les Juifs de Babylone s'en inspirèrent beaucoup, et d’ailleurs les noms des mois hébreux ont une consonance proche de celle des Babyloniens. Ce calendrier est dit "rabbinique" car établit par une assemblée de savants et de rabbins.
Il ne fut pas accepté comme tel par toutes les communautés de l'époque. C'est ainsi que les karaites s'en tinrent très longtemps à un calendrier basé plus directement sur les édits bibliques. Et donc, ils ne célébraient pas les fêtes exactement à la même date que les autres communautés ! On retrouve ce genre de différence entre chrétiens orientaix et occidentaux.
Le calendrier juif actuel (rabbinique) fut mis au point définitivement par le sage Hillel II en 358 de notre ère :

Avec douze mois de 29 ou 30 jours (voir illustration suivante) on n’arrive pas encore à combler un retard minime, mais qui s’accumule. Il ajouta alors une occurrence de mois supplémentaire, Adar II, dans un cycle de 28 ans, (année dite alors "embolismique" pour les amateurs de jeux de dictionnaire). 5782 (2021-2022) fut une année embolismique.
Reste encore une question : pourquoi se rattacher au cycle solaire ? Pour les Juifs, il est dit dans les Ecritures : « Prends garde, Israël, à célébrer la Pâque en son temps (au printemps) ! ! ».
Pour plus d’informations : http://www-spof.gsfc.nasa.gov/stargaze/Fcalend2.htm .
Composition du calendrier des hébreux, devenu celui des Juifs.
        L'origine des mois et leur nom remonte à la déportation et l'installation des juifs à Babylone.   

Calendrier

NB : Les fêtes juives sont explicitées au chapitre E. L’orthographe française des mois et fêtes varie un peu suivant les traducteurs.
       
Le premier mois de l'année juive est le mois de Tishri, plein de fêtes importantes. C'est ainsi que l'on parle des "fêtes de Tishri".

2. Quelques dates clés de l'histoire du Judaïsme (avant et après J.-C.)

-après -2000 Abraham s’inscrit dans la descendance de Sem, fils de Noé. Il se rebella contre le culte des idoles. Son histoire est connue, rappelons que suite à l’épisode du sacrifice (interrompu) d’Isaac, il scellera avec Dieu (Yahvé) une « Alliance », valable pour toute sa descendance, et traduite concrètement par l’acte de la circoncision. Cet épisode fondateur des trois religions monothéistes est relaté dans la Bible, pas dans le Coran mais dans plusieurs hadiths (appelée khitân), à la nuance que c’est Ismaël qui prend la place d’Isaac.
-(?) Joseph, vendu par ses frères, est amené en Egypte. Grâce à ses qualités, il devient conseiller du pharaon. Suite à une famine, ses frères le rejoignent avec leurs familles.
Les Hébreux sont bien traités par les Egyptiens.
-1850 : Abraham s'installe en Canaan et épouse Sarah (Saraï). Malheureusement, celle-ci est stérile. Abraham aura alors un premier fils de la servante Agar : ce fut Ismaël. Agar aura alors peu d’égard vis-à-vis de Sarah. Il y eut des animosités réciproques, ce qui causa l'exlusion de Agar et son fils de la tribu d'Abraham. Mais un ange apparut au devant d'Agar, lui ordonna de nommer son fils Ismaël et lui enjoigna de revenir vers Sarah.
Enfin, miracle, alors âgée de100 ans, Sarah donna naissance à un fils : Isaac.
Alors, poussé par Sara, Ismaël et sa mère Agar seront écartés de la tribu afin que Isaac reste le seul héritier d’Abraham.
Ces faits sont fondateurs de la branche des Hébreux Ismaélites, d’où naîtra Mahomet, prophète de l’Islam, et de la branche des Israélites, d'où naîtra Moïse.
-1863 : Sur ordre du Seigneur, Abraham est prêt à sacrifier son fils Isaac.
Ce fait de soumission absolue est aussi fondateur. A noter : dans le Coran, les rôles de Isaac et Ismaël sont inversés quant à ce sacrifice.
-1674 Les Hyksos venus d’Asie dominent l’Egypte et prennent les Juifs en esclavage
-1240 (?) : Les Hébreux s'enfuient d'Égypte, menés par Moïse, vers le Sinaï.
-1230 : Moïse reçoit les Commandements, puis rédige, sous inspiration divine la « Thora » sur le mont Sinaï. Suit un long périple de 40 ans dans le désert. Les descendants des exilés envahiront ensuite Canaan, « La Terre Promise ».
-1010 à -970 : Règne de David, deuxième roi des Hébreux.
-1000 : Conquête de Jérusalem par les Hébreux.
-973 à -931 : Construction du premier Temple décidée par Salomon, 3 ème roi d’un Etat qui s’appelle désormais Israël. Oeuvre titanesque réalisée avec le concours de main d’oeuvre et matériaux venus du royaume allié : le Liban.
-931 : Deux royaumes : Israël et Juda, suite au décès du roi Salomon.
-895 : Date supposée mais discutée du plus ancien texte biblique connu écrit en hébreu : « Le Codex du Caire ». Offert à la communauté Karaïte de Jérusalem. Il est relatif au Livre des Prophètes. Il est écrit avec des phylactères en argent !

-895 : Début de l’utilisation généralisée de l’écriture hébraïque en terre d’Israël.
-722 : Les Assyriens envahissent les royaumes d’Israël et déportent 10 tribus à Ninive (près de l’actuel Mossoul). (premier exil). Leurs traces seront perdues : ce sont les « 10 tribus perdues » d’Israël.
-587 : Destruction du Temple par Nabuchodonosor, roi de Babylone, et déportation des Juifs en Babylonie (deuxième exil).
-550 : L’empire Médo-Perse domine le Moyen-Orient. Le roi Cyrus II décide de renvoyer les captifs dans leurs pays d’origine. Dont les Juifs. Mais certains y resteront.
-537 à -515 : Retour en Palestine et construction du second Temple.
-200 Domination de la civilisation syro-grecque (la Selucie) et profanation du Temple où les dieux grecs sont imposés. Il sera restitué au culte vers -165 après la révolte menée par Juda Macchabée.
-63 : Pompée conquiert Jérusalem
-60 Naissance à Babylone de Hillel (l’Ancien), fondateur d’une des 2 plus grandes écoles rabbiniques, puis chef de la communauté de Jérusalem
-0   Année fixée pour la naissance de Jésus à Nazareth, le 25 décembre dans le calendrier julien. Fête de Noël.
+27 Jésus (Jeshouha) prêche publiquement en Palestine. Ce Yeshu ben Yossef (fils de Joseph) est vraisemblablement un rabbi très érudit. Il bouscule la position traditionaliste des autorités religieuses juives de l’époque : il assure la prééminence de la religion sur le rite et met en valeur le message profondément juif de « Aimez-vous les uns les autres » auquel il ajoute « comme je vous aime ».
+ 30 Jésus est condamné à mort, surtout parce qu’il est soupçonné de vouloir renverser la domination romaine.
+ 40 L’enseignement de Jésus se répand dans l’empire romain via l’apôtre Paul, jusqu’à son décès vers +68. Paul était un juif romain originaire de Tarse en Cilicie (Sud-Est de la Turquie).
Son enseignement, aura une influence indéniable sur le monde non-juif, et aussi sur les Juifs quoiqu’ils s’en défendent.
+ 50 Arrivée de Juifs dans le Nord de l’Europe avec l’occupation romaine.
+ 66 : Prise de Jérusalem par les Romains sous la direction de Titus, destruction du Temple et Diaspora. (Diaspora = dispersion de la population juive)
+132 à 1948 : Période de la Grande Diaspora.
+312 : L'empereur romain Constantin se convertit au catholicisme. Il convoque en 325 le concile oecuménique de Nicée (Turquie). Ce concile consacre des articles de la foi catholique inacceptables pour les Juifs. À partir de ce moment, le judaïsme sera de moins en moins toléré dans l'empire romain.
+610 : Mahomet s'était intéressé aux religions venues de Palestine. Il avait appris l'histoire biblique en côtoyant les minorités chrétiennes de la Mecque, qui sont pauvres et relativement peu instruites, ainsi que les minorités juives qui sont plus nombreuses et possèdent des savants. Mahomet est dès lors convaincu de l'existence d'un Dieu unique, maître absolu de l'Univers, qui juge les hommes après leur mort. A partir de cette date, il va agir comme prophète s’inscrivant dans la succession des deux religions monothéistes.
+1149 : Le califat installé à Cordoue chasse d’Espagne tous les Chrétiens et les Juifs qui refusent de se convertir à l’Islam.
+1215 : Le IV-ème concile oecuménique de Latran (Rome) renforce les mesures d’exclusion des Juifs et des Musulmans en terres chrétiennes. Il impose des habits distinctifs afin « d’éviter toute confusion pouvant mener à des rapports sexuels interreligieux ». Ce concile marquera, par ailleurs, l’apogée du pouvoir papal en occident.
+1492 : « La Sainte Inquisition » pousse les rois catholiques à chasser les Juifs d'Espagne, où ils vivaient très nombreux. Les Musulmans sont aussi chassés. De là, les Juifs migreront principalement dans tous les pays méditerranéens. D'autres rejoindront les communautés d'Angleterre et des Pays-Bas.
+1496 Expulsion des Juifs du Portugal.
+1555 : Le pape Paul IV oblige les Juifs à résider dans des quartiers spéciaux qui reçoi-vent en Italie le nom de Ghetto. Depuis, dans divers pays d'Europe et du Moyen-Orient, l'histoire du peuple juif a été ponctuée à intervalles réguliers par des « pogroms » (mot russe = agression), accompagnés de pillages et de meurtres, dirigés contre une communauté juive. Souvent ils sont relégués dans des ghettos.
Pendant le Moyen-âge, il était interdit aux Juifs de cultiver la terre. Ils sont donc devenus des marchands ou des banquiers. On les a accusés, parfois à tort, parfois avec raison, d'être des usuriers.
+1780 à 1820 : Les Juifs sont progressivement admis dans la bourgeoisie en Autriche (Joseph II), Allemagne (Guillaume II), France (Napoléon I) et Hollande (Guillaume d’Orange).
1891 La langue hébraïque renaît (voir chapitre sur ce sujet)
1881 à 1884 : Pogroms en Russie tsariste. Le premier à Odessa. Pogrom en russe signifie dévaster, démolir violement. Le mot est resté.
+1933 : En Allemagne, les persécutions des Juifs ont débuté en 1933 : Hitler et ses «acolytes» prennent le pouvoir en Allemagne nazie et les mesures anti-juives commencent. Vexations, interdictions diverses, « pogroms ».
+1933 : En Allemagne, et en Autriche, la nuit du 9 au 10 novembre, les Juifs et les Su-dètes furent victimes de pogroms massifs, par les Sections d’Assaut des nazis. (les SA). Cette nuit fut nommée « La Nuit de Cristal » à cause des tapis de verre jonchant le sol, en provenance de commerces et maisons juives.
+1942 : C’est au mois de janvier que se tient la conférence de Wannsee. Là sont mises au point les modalités précises d’extermination des Juifs et des Tziganes. Cette extermination est restée dans la mémoire sous le nom de « Shoah ». Au total, on évalue à 6 millions le nombre de Juifs européens qui furent assassinés par les nazis. Les Juifs polonais et ukrainiens, très nombreux (4,8 millions), payèrent le plus lourd tribu.
+1945 : Découverte et libération des camps de concentration et des camps d’extermination nazis, preuves tangibles de la Shoah. Mais juifs et tziganes ne furent pas les seules victimes : résistants de toutes origines, soldats russes prisonniers, communistes et leurs sympathisants, …
+1947 : l’ONU adopte un plan de partage de la Palestine, plan rejeté par les pays arabes.
+ 1947 à 1956 : découverte sur le site de Qumrân (Cisjordanie actuelle) des "manuscrits de la mer morte" qui vont révolutionner les études bibliques, et font toujours débat.
      Consulter e.a. à ce sujet : https://fr.wikipedia.org/wiki/Manuscrits_de_la_mer_Morte
+1948 : Le 14 mai, création de l'État d'Israël.
Juste après, les Etats voisins d’Israël tentent de l’envahir. Les israéliens résistent et gagnent même un peu de territoire. Ces événements auront des conséquences graves :
 1) pour tous les 700.000 Juifs qui vivaient dans les pays dits « arabes ». D’abord en Lybie, Egypte, Yémen où ils seront persécutés, spoliés et chassés du territoire. Ensuite, à mesure de la décolonisation, ils devront quitter l’Algérie et le Maroc.
 2) pour les Palestiniens ensuite, dont un nombre à peu près égal seront amenés à quitter Israël ou seront chassés militairement de Jordanie par le Royaume Hachémite.
+1953 : L’assemblée législative israélienne (la Knesset) a adopté une loi portant création d’un mémorial consacré aux victimes de la Shoah : « Yad Vashem ». Le but en fut défini comme « Se souvenir et honorer les « Justes des Nations ». Cette expression est devenue centrale dans la mémoire de la shoah, non seulement dans l’Etat d’Israël, mais dans de nombreux pays
+1956 : Deuxième guerre contre une invasion arabe. Ce n’est pas la dernière invasion : en 1967, la guerre des 6 jours ; en 1973, la guerre de Kippour.
+1962 à 1965 : Concile de Vatican II, initié par le pape Jean XXIII. Il redéfinit de ma-nière positive les relations entre Juifs et Catholiques. La religion juive est ac-ceptée comme « mère » de la religion catholique, fait occulté depuis le Moyen Age.
+1982 à 1983 : Cette fois, c’est Israël qui mène une guerre préventive contre les Palestiniens du Hamas. Guerre couteuse et inutile. Elle permettra cependant aux Juifs de mesurer la fragilité relative de l’Etat cher à leur coeur.
+1988 à 1993 : Premier "Intifada" ou affrontements entre population palestinienne et Israël.
+1993 Accord d'Oslo en septembre, il met fin à cette première Intifada par un accord historique mené par Bill Clinton, entre Yitzak Rabin et Yasser Arafat.
+2006 : Troisième guerre menée par Israël contre les troupes du Hesbollah installées au Liban. en juillet -aout, durant 33 jours. Guerre couteuse et qui s'avéra moins utile que prévu par Israël.
et après ? La longue histoire n’est pas finie, les accords d'Oslo seront rompus, Rabin assassiné. De nouveaux "Intifada", mais nous nous arrêterons cependant ici...Voir une petite note en annexe : Israël en 2019.

3. Une contribution importante à l'histoire du Judaïsme.
    Il s'agit de la découverte et de l'étude depuis le fin du XIX ème siècle d'un dépôt de 380.000 documents d'origines diverses dans la Guéniza du Caire.
    La Guéniza est un lieu où sont déposés les documents que l'on ne peut ou ne veut voir être détruits, et bqui sont alors enterrés.
    Ces documents datent de 870 à 1880 et sont source de connaissance de la vie, des lieux d'implantation des juifs dans tout le monde arabe.
    

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C. RELIGION

1. Généralités

Dans le préambule, il est expliqué que le judaïsme n'est pas en soi une de religion , même pas uniquement une confession.
Dans les chapitres qui suivent, on va cependant s'intéresser aux particularités confessionnelles du Judaïsme.
La base, on l'a dit en préambule, est le dogme du monothéisme. Il est né dans un monde ancien, où les religions étaient animistes ou polythéistes. Le judaïsme est fondé sur l’ « Alliance » privilégiée avec Dieu, reconnu par Abraham comme Dieu unique par lui et toute sa descendance, descendance dont sont héritiers les membres des autres grandes religions rigoureusement monothéistes : Christianisme et Musulmane.
Toutefois, le judaïsme reconnaît que si un non-Juif pratique les commandements, il sera reconnu «juste parmi les nations» et aura droit au Monde Futur. C'est pourquoi le judaïsme ne cherche pas à convertir. Dans la vision judaïque, la cause de nos malheurs est à rechercher en nous-mêmes et non uniquement dans les éléments extérieurs. Cette «culpabilité» de l'homme se retrouve aussi dans le christianisme.

Les dix commandements ou « Paroles divines ». Dans la tradition biblique, ils ont été transmis à Moïse au Sinaï afin de les répandre parmi les peuples.
  1. Je suis l’Eternel ton Dieu.
  2. Tu n’auras d’autres dieux que Moi.
  3. Tu n’invoqueras point le nom de l’Eternel ton Dieu à l’appui du mensonge.
  4. Souviens-toi du jour du Sabbat pour le sanctifier.
  5. Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent..
  6. Tu n’assassineras point.
  7. Tu ne commettras point d’adultère.
  8. Tu ne voleras point.
  9. Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
 10. Tu ne convoiteras point ce qui appartient à ton voisin.

En plus des dix commandements, il y a La Loi, ou les lois transmises par Moïse et qu’un juif religieux se doit de pratiquer. Le lecteur en trouvera des prescriptions au chapitre D. "Quelques prescriptions religieuses".

Il y a plusieurs manières de pratiquer le judaïsme : depuis les Juifs orthodoxes de stricte observance et les sectes issues du judaïsme, en passant par les Juifs libéraux jusqu'aux Juifs athées (voir chapitre A 6 sur les communautés).
En Israël, l'influence du judaïsme est grande, bien que beaucoup d’Israéliens soient non religieux, mais tous observent les traditions juives de base, sans nécessairement partager la foi de leurs ancêtres (voir judaïsme laïc).
Dans la confession israélite, il n'y a pas de sacrements, mais des rites ou rituels (actions, prières et fêtes chargées de symboles).

Quel regard portent les juifs sur les non-juifs ? En hébreu, les Catholiques, et plus généralement les non-Juifs sont désignés par le terme « Goï » ou « Goy ». Comme le terme équivalent en arabe « Roumi », il a un sens un peu péjoratif.
L'inverse est vrais aussi, la qualification de "juif" a souvent un caractère péjoratif aux yeux des non-juifs.

2. Les principaux ouvrages de base du judaïsme

 L'essentiel du Judaïsme repose sur les écrits sacrés. Le «Peuple du Livre» se réfère, bien entendu, à la Bible qui relate l'histoire des Hébreux durant les deux millénaires avant le Christ. La Bible hébraïque se divise en trois parties connues sous l’acronyme « TaNaK » : Thora, Nevi’im, Ketouvim.

a. La Thora : c'est la loi fondamentale. Elle comprend cinq livres présentés comme écrits, par Moïse lui-même et formant ce qu’on appelle le Pentateuque. La Thora fait apparaître un dieu personnalisé, qui régit le monde. Le monothéisme juif, qui donnera naissance au christianisme et à l'Islam, nous présente un dieu volontaire, maître du monde, coléreux et paternel.
Ses rapports avec le peuple élu sont ceux de créateur avec ses créatures. Dieu ordonne ou punit selon son bon vouloir. Dieu conclut des alliances avec les ancêtres des Juifs. La première avec Noé, la deuxième avec Abraham, la troisième avec Jacob. Le signe de l'Alliance, c'est la circoncision pratiquée depuis Abraham.
La Thora, c'est le livre d'histoire du peuple juif. Par les Dix commandements remis à Moïse dans le Sinaï, c'est aussi un code religieux, moral, social et familial. La Thora donne la totalité des prescriptions de la religion juive : ce sont les Lois de Moïse
.
L'histoire du peuple depuis la genèse jusqu'à l'arrivée de Moïse en vue de la Terre Sainte y est racontée, de même que les prscriptions religieuses.
Rouleau de la Loi

L’illustration : Un ancien rouleau de la Loi (sepher torah) en position de lecture. Il n'y a pas de dimension standard, de sorte que chacun peut en avoir un petit chez lui. On ne touche pas le parchemin avec les doigts pour ne pas l'altérer. De là l'usage de "doigts" souvent argentés pour suivre le texte. Chaque rouleau quand il n’est pas utilisé est roulé dans un tissu, visible à gauche, et couvert d’une housse, visible à droite. Chaque rouleau doit avoir été écrit à la main, par un scribe, au moyen d'une encre spéciale de composition tenue secrète. Cette obligation reste valable en notre époque où les moyens d'impression sont multiples.

Le pentateuque se compose de cinq livres :
    La Genèse (Au commencement)
    L'Exode (Récit de la Sortie d'Egypte)
    Le Lévitique (Description des rites à accomplir)
    Les Nombres (Dénombrement des tribus d'Israël et leur cheminement dans le Désert du Sinaï)
    Le Deutéronome (Les derniers discours de Moïse).
En plus de livres d'histoire, tous ces livres contienent des prescriptions religieuses que des ouvrages ultérieurs commenteront.)

Note : Pour l'Islam, ces livres constituent la "Tawrat". Mais l'Islam accuse les cribes et savants juifs d'avoir altéré les textes originaux du Pentateuque.


b) Le livre des prophètes : (les Nevi’im) Samuel, Nathan, Elie, Elisée, Deborah, Esaïe,
, Ezéchiel, Jérémie, Daniel, tels sont les noms des grands prophètes d’Israël. Les prophètes exercent une importante activité politique et sociale ; ils sont les «sages» inspirés par Dieu. Agissant d'égal à égal avec les rois et les princes, les prophètes ne sont pas seulement des voyants : ils jugent, bien sûr, leur époque, la critiquent et la commentent, mais ils sont, également, des éléments de stabilité, alors que les Rois s'entre-déchirent. Ils croient à la marche vers la lumière. L'idée de progrès est leur leitmotiv, ainsi que l'idée de justice dans le monde.

c) Les Ketouvim, ou autres Ecrits ou Hagiographes.

Par ailleurs, il y a d’autres livres:

d) La Mishna, ou doctrine des Pères, transmise uniquement par voie orale jusqu'en 3O avant J.-C. Origine : les Juifs de Babylone.

e) Le Midrash, ensemble des commentaires de rabbins sur la Thora. Écrits de 200 à 1550 après J.-C.

f) Le Talmud renferme toutes les interprétations et tous les commentaires de la Bible. Écrit au Vème siècle avant J.-C. jusqu’au XVème siècle de notre ère, c'est un ouvrage d'adaptation de la Thora au judaïsme vécu, quotidien. Écrit tantôt en hébreu, tantôt en araméen, c'est un ouvrage qui sert à la fois de transcription de la tradition orale, de commentaires et interprétation de la Bible par de grands rabbins. Il fait toujours l’objet de discussions de toutes sortes.Talmud
Le Talmud envisage tous les aspects de la vie pratique sous l'angle du judaïsme. Un même texte de la Thora peut y être commenté jusqu'à cinq ou six fois par des rabbins différents. Son principe fondamental est que chaque texte de la Thora renferme un message. Le but du Talmud est de découvrir et d'expliquer ce message. Ceci n'est pas toujours facile. En hébreu, en effet, seules les consonnes sont écrites. Les voyelles sont sous-entendues. Le même mot, selon les voyelles que l'on y adapte, peut donc avoir des significations totalement différentes, voire opposées. Cependant, les rabbins des premiers siècles de notre ère ont créé une écriture des textes sacrés comprenant des consonnes marquées au-dessus et en dessous de points et de traits (signes diacritiques). Ainsi la manière dont ces consonnes devaient être prononcées ou chantées, manière héritées de tradition orale, fut définitivement traduite dans les écrits.

Note complémentaire sur le Talmud.
Le Talmud se décompose en plusieurs volumes, dont la présentation générale reste inspirée de la première version imprimée, celle réalisée par l’imprimeur vénitien Blomberg entre 1519 et 1523 : texte de la Thora et de la Mishna au centre, commentaires rabbiniques autour du texte. (Le plus grand commentateur fut Rashi de Troyes). Il subsiste encore quelques rares exemplaires du Talmud de Blomberg. Rappelons que la première impression de la Bible catholique fut réalisée avant cela, dans les ateliers de Gutenberg, à Mayence, entre 1452 et 1455.

L’étude et les discussions autour du Talmud ont été de tous temps une passion pour les Juifs religieux. Il est le principal objet d’étude dans les écoles rabbiniques.
En 1923, le rabbin Meïr Shapiro lança une initiative pour le moins originale : faire en sorte que tous les Juifs pratiquants du monde lisent le même jour les mêmes deux pages de l’ouvrage, jusqu’à avoir parcouru l’ensemble des volumes ! Cela nécessite 7 années environ. On comprend que la fin de ce cycle d’étude soit marquée par de très grandes fêtes. Le 12 ème cycle a démarré le 1 mars 2005 et finit en 2012. Il existe une communauté juive qui dénie toute autorité au Talmud : Les Karaïtes, communauté encore vivante en Ukraine.

NB1 Ce que le christianisme appelle l'Ancien testament se compose de trois sortes d'écrits : la Thora, les Prophètes et les Écrits des Sages : Ketubim.
NB2 Parmi les kétouvim on trouve notamment « Le livre de Salomon » ou "Livre de la Sagesse", qui contient également le célèbre Cantique des Cantiques". Sa lecture au premier degré est un merveilleux chant d’amour quasi érotique. Au second degré, la « Bien aimée » représente la nation d’Israël. Il ne fut diffusé au peuple au premier siècle de notre ère que grâce à l’intervention inspirée du rabbi Akiba. Il est récité depuis à la fête de Pâque.
Le lecteur trouvera en Annexe 4 quelques commentaires et un extrait de ce fameux Cantique des Cantiques.

g) La Kabbale (de l’hébreu Kabbalah, la tradition) est une interprétation ésotérique et symbolique qui représente et décrit un La Kabbaleschéma de l’Univers, une cosmologie. C'est une sorte de décryptage des choses cachées dans les Ecritures.
La Kabbale présente un univers à 10 dimensions matérielles ou spirituelles, ou 10 puissances créatrices (les "Sefiroth").  et les 32 chemins qui les relient. Elle indique aussi les voies à suivre pour atteindre l’Eternel. 
La Kabbale est un ouvrage de savants, composé de plusieurs livres, illisibles pour la plupart d’entre nous, mais qui ont toujours intrigué Juifs et non Juifs.  Le schéma symbolique de la Kabbale se retrouve ainsi, décoré de diverses manières, dans nombre d’ouvrages savants de nature philosophique ou mystique. Voir l'illustration jointe. La kabbale trouve sa source dans les courants mystiques du « pré judaïsme synagogal » qui est apparu au II ème siècle avant J.C.
Un des livres est le Zohar. C'est le plus mystique, le plus philosophique, le plus difficile à aborder. Il est écrit en araméen, alors qu'il est diffusé à partir du XVII ème siècle ! Mais il prétend s'inspirer de textes très anciens datant de l'an 200, écrits sous l'occupation romaine en Palestine.
Le Zohar contiendrait les clés de la compréhension des commandements, de la Bible et même de l'Univers.



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D. QUELQUES PRESCRIPTIONS RELIGIEUSES

Les prescriptions de base sont la prière, le respect de la vie, la bienfaisance, l’étude de la Loi, les prescriptions alimentaires,

1. La prière
La prière individuelle et collective la plus importante est appelée « Le Chema » : « Ecoute Israël, L’Eternel est notre Dieu, L’Eternel est Un ». L’unicité de Dieu est le dogme fondamental. L’horreur de l’idolâtrie remonte à Abraham. De là l’interdiction faite de toute représentation à figure humaine dans les lieux de culte (et même ailleurs à l’époque). Interdiction que l’on retrouve dans la religion musulmane. Le catholicisme se libéra de cette contrainte pour favoriser son expansion dans le monde. Pour compenser le fait que toute image divine est absente, les sages recommandèrent une foultitude de bénédictions à faire à chaque occasion.
Pour la prière en commun, il faut être dix hommes (= minyane) présents. Parmi ces prières en commun, deux sont à relever, souvent reprises et essentielles :

1.Le Kaddish, (Quaddich en français). Cette prière trouve son origine chez les juifs de Babylone, elle a pour sens  la sanctification. Elle était destinée à être dite en public, entre-autres lors des funérailles. Elle devait pouvoir être dite et comprise par tous. C'est pourquoi elle se récitait en araméen, langue véhiculaire de l'époque. Encore maintenant elle est dite en araméen. Deux versions essentielles : le kaddish des rabbins et le Kaddish après enterrement. Le « Notre Père » catholique, dicté à l'origine par Jésus-Christ, est manifestement inspiré de cette prière. En savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kaddish.
Contrainte : parce que c'est une prière publique, le rabbinat a imposé que le Kaddish ne se récite qu'en présence de 10 juifs.

2.Les 18 bénédictions ou Amidah. Prière qui se récite debout et murmurée. Elle remonterait au temps des juifs à Babylone.

De quoi sont constituées les prières dans un office? Le point central est la lecture de La Loi, écrite dans les rouleaux sacrés. Il y a beaucoup de bénédictions, de louanges au Seigneur, d’invocations à la miséricorde divine, d’hymnes, de psaumes, de louanges et cantiques. Beaucoup sont chantés par l’officiant, souvent accompagné par les fidèles. Les rabbins sont formés au chant. Les meilleurs sont ainsi qualifiés de « Cantor ». Beaucoup d’hymnes sont attribués au Roi David. Parmi les cantiques, il y a un qui continue à beaucoup intriguer les spécialistes es religion : Le Cantique des Cantiques. Pour les curieux, j’en ai placé une analyse en annexe.
Synagogue ArlonLe lieu de prédilection pour des prières dites en commun ou des célébrations rituelles sont les Synagogues. Les synagogues, comme les églises catholiques, sont orientées vers Jérusa-lem. Leur architecture est généralement influencée par celle des édifices religieux du pays où elles se trouvent. En effet, après la destruction du second temple et la réorganisation par les rabbis de l’époque, il n’y a plus eu de modèle architectural pour les synagogues. L'intérieur de ces lieux de culte (aussi appelé temples) est dénué de toute représentation humaine ou animale, afin d'éviter les tentations idolâtres. Souci repris dans les mosquées.
Les synagogues servirent aussi depuis longtemps de lieu d’école religieuse. De là leur nom de « Schule ».
Photo : la plus ancienne synagogue de Belgique qui fut édifiée à Arlon en 1863. Inscrite au Patrimoine majeur de la Wallonie.

Ce qui tient lieu d'autel est la «teba »», sorte de tabernacle où sont tenus les rouleaux des écrits religieux. L'officiant est le rabbin, mais il peut être remplacé par un homme initié à la religion et ses rites. À l'intérieur du temple, la tête des assistants doit rester couverte, par marque de respect, contrairement aux églises, où les hommes doivent se découvrir. Les femmes sont séparées des hommes. La « kippah » est un couvre-chef réduit dont l’usage est essentiellement religieux, mais il y a des Juifs qui le portent en permanence, en signe d’identité. Sa signification religieuse se trouve dans le Talmud : avoir le Seigneur au-dessus de sa tête.
Nécessaire de prièreLors des offices du matin, les Juifs revêtent un châle de prière : le talith, objet qui comporte de nombreux signes symboliques.
Les trois objets nécessaires aux offices pour chaque fidèle : la petite calotte dite « kippah », (un chapeau de ville convient aussi), un livre de prière en hébreu, avec ou sans traduction en regard et le talith, châle de prière muni de petits cordons aux extrémités (tsitsits). Ces derniers sont destinés à rappeler au croyant les commandements du Seigneur. On retrouve ces trois objets dans l’illustration jointe.
Dans beaucoup de communautés , on porte aussi les tefilines que l’on porte au front et à un bras pour rappeler les commandements du Seigneur. Ils sont constitués de deux petits boîtiers cubiques comprenant quatre prières essentielles et rattachés au bras et à la tête par des lanières de cuir. Ils sont portés lors de la lecture du « Chema » et de la prière matinale des jours profanes par les hommes ayant atteint leur majorité religieuse.
Dans l'esprit de la loi de Moïse, les tefilines sont en quelque sorte des outils qui rattachent le cerveau et, via le bras, le coeur de l'homme à son Seigneur. Voir un peu plus bas un porteur de tefilines.(Crédit : Howard Sandler  Dreamstime.com).
Aux fins de se rappeler la grandeur et l’unicité du divin, les Juifs fixent à diverses portes de leur logement et lieu de travail un petit étui "mezouza", qui contie
nt deux citations extraites du Deutéronome. Ce texte reprend au minimum le texte de l'acte de foi essentiel du croyant : « L'Eternel est notre Dieu, l'Eternel est Un ».
Dans celui illustré, il contient un résumé des commandements.
Cet objet symbolise le lien avec le Seigneur et avec Israël. Une mezouza fut placée dans la navette spatiale "Discovery", en service de 1981 à  2011.

Note : Importance de Jérusalem dans les prières juives. Pourquoi ce lieu est-il considéré avec une telle importance dans les trois religions monothéistes ?
Dans la Bible, il est raconté qu’après avoir reçu par ruse le droit d'ainesse de son père, Isaac, Jacob partit dans le désert (actuellement désert du Negev). Là il s’arrêta pour passer une nuit dans laquelle il fit un rêve : Des anges Tefilinesmontaient et descendaient une échelle qui allait de la terre vers le ciel, et une voix lui répétait la promesse de descendance et de protection déjà faite à Abraham. C’est « l’échelle de Jacob ». A son réveil il se rendit compte que c’était dans ce le lieu que ses aieux avaient déjà prié. 
L’interprétation des sages de l’époque, puis du Talmud est la suivante : Il s’agit d’un lieu privilégié sur terre, par où passent toutes les prières adressées au Seigneur, et les réponses en retour. Ce n’est donc pas un hasard si le Coran raconte que c’est en ce lieu que Mahomet s’éleva vers les cieux. Et ce n’est pas un hasard non plus si les catholiques tentèrent de prendre possession du lieu par les croisades. Quant à l’origine du nom du lieu, les réponses divergent. Ce qui m’a semblé le plus vraisemblable : le lieu existerait déjà sous les égyptiens, à 1500 AC, sous un nom prononcé « Rushalmu » qui voudrait dire « lieu de résidence du dieu local « Shalimu », situé dans le domaine des cananéens. Repris ensuite en hébreux il serait devenu « Yehu Shalom » = lieu de Paix . En arabe, paix = « Salaam ».


2. Le respect de la vie.
Dans le Deutéronome, livre de la Bible qui reprend les derniers enseignements de Moïse, celuis-ci rapporte les paroles divines : "J'ai placé devant vous la Mort et la Vie. Choisissez la Vie". Ce choix est fondamental. Sauver sa vie et celle des autres passe avant tout, même avant la prière. Cette attitude détermina dès les temps anciens les règles d'hygiène à respecter, la mise à l'écart des dépouilles, l'isolement des malades.

3. La Bienfaisance.
Respect et amour du prochain sont un héritage direct d’Abraham. Ceci va jusqu’à placer le respect de la vie au-dessus de toutes les prescriptions religieuses. L’aide aux plus démunis (une des mitzvah ou acte de bienfaisance) est un des prescrits essentiels de la loi et de la philosophie juive. La visite aux malades y est incluse explicitement.
Plus que la bienfaisance, la loi juive impose une certaine justice sociale, dite "Tsedaka". Cela part de l’idée que tout appartient au Créateur, que les biens sont distribués inégalement, mais que les nantis doivent laisser une part au pauvres, sans que ceux-ci aient à le demander.

4. L’étude de la Loi.
C’est une prescription essentielle : il est recommandé aux fidèles de pousser toujours plus avant l’étude de La Loi et des livres Saints. De là l’existence d’écoles spéciales, les « Yechivas », à apparenter avec les écoles coraniques ou les Séminaires.

5. Les prescriptions alimentaires
Comme les Juifs ont été choisis par Dieu pour être des modèles d'humanité, ils doivent préserver leur dignité et respecter scrupuleusement les règles alimentaires prescrites. Elles se résument en une phrase : «il faut manger des choses pures» (kasher en hébreu, cacher en français). Beaucoup de ces prescriptions sont partagées par les Musulmans. Elles correspondent, d'après Maïmonide, à des règles d'hygiène de l’époque de Moïse. Mais la plupart des rabbins ont refusé cette interprétation et y donnent des interprétations éthiques.

Une nourriture qui respecte les prescriptions religieuses en la matière est dite "Kasher" . Ces règles sont proches de celles qu’on retrouve dans la religion musulmane, on y parle de nourriture "halâl" ou "halal".
a. La viande : Très important : toute consommation d’animal mort est interdite. De plus, l’abattage doit suivre des règles strictes : pour tuer l’animal sans qu’il souffre il faut trancher la carotide avec un outil bien affûté et ensuite saigner complètement l’animal. En effet, le sang ne peut être consommé, car il représente la vie. Divers animaux sont interdits de consommation : en particulier les porcs. (Dans les pays chauds et dans les pays d'hygiène élémentaire, ils transmettaient des parasites et en particulier le ténia (vers solitaire). Il fut et reste donc particulièrement interdit, comme chez les musulmans d’ailleurs.
Plus largement, peut être mangé tout animal ruminant au sabot fendu de part en part! La vache et le mouton, oui, mais pas le porc, ni le cheval, ni le chameau. La volaille est autorisée, le lapin ne l’est pas…
Un mot s’impose ici sur « l’abattage rituel » car il fait l’objet d’incompréhensions : Chez les Juifs, comme chez les Musulmans, ne peut être consommée qu’une viande saine et suite à une mise à mort prévue pour faire le moins souffrir la bête. Il s’agit en l’occurrence de couper d’un geste sûr les carotides et l’oesophage avec un sabre très tranchant de manière à vider rapidement le cerveau du sang et donc d’abréger au maximum les souffrances. (C’était le but de l’invention de la guillotine d’ailleurs). L’animal est vidé ensuite rapidement de tout son sang, comme dans tout abattage d’ailleurs, car le sang est vite porteur de germes nocifs. Une viande ainsi obtenue et vérifiée au point de vue qualité est dite « kasher » (Halal chez les musulmans). Le contrôle qualité après abattage se concentre surtout sur l’état des poumons : une bête même redevenue en bonne santé conservera une trace visible et palpable dans ses poumons.
b. Les poissons doivent avoir des écailles et des nageoires (pas d'anguilles, pas de crustacés).
c. Pas de rapaces, car ils se nourrissent de cadavres.
d. Pas d'insectes, pas de reptiles.
e. Les bêtes doivent avoir été abattues rituellement (la gorge doit être tranchée net, ce qui évite de faire souffrir les animaux) et leur viande doit avoir été saignée. Le sang n'est pas consommable. Pas d'animal malade ou mort avant abattage.
f. Pas de mélange entre produits carnés et laitiers.
Ceci peut paraitre étrange. Cela vient d’une extension du prescrit biblique « Tu ne feras pas cuire l’agneau dans le lait de sa mère » (Livre de l’Exode).
g. Respect de certaines périodes de jeûne.
h. Boissons.
Il y a ici une différence à noter d’avec la religion musulmane : non seulement les boissons alcoolisées sont autorisées (sans excès), mais le vin est même recommandé à la table du shabbat et des fêtes. Le judaïsme condamne toute forme d’ascétisme, car il y a lieu de jouir de ce que le Seigneur a accordé à l’homme. Ainsi en est-il aussi des parfums.
Note : Il y a des restaurants «kasher» dans toutes les grandes villes du monde où vivent suffisamment de Juifs, Par exemple, à Bruxelles, il y a des traiteurs : Benisti et Sarfati , mais plus de restaurant. Par contre Anvers est riche en restaurants, traiteurs et pâtisseries cacher dont la qualité et la «kashruth» sont reconnues. À Paris, il y a des restaurants très célèbres, en particulier situés en plein quartier juif, rue des Rosiers. On peut y déguster de la soupe aux choux, du bortsch, de délicieux desserts, des cous d'oies farcis aux poivrons. Citons aussi, à Paris, le restaurant des diamantaires (cuisine orientale  de type sépharade).

6. Autres prescriptions.
Elles ne manquent pas ! La loi de Moïse n’en dénombre pas moins de 611 dont celles évoquées ci-dessus. « Les dix commandements » ne sont que des regroupements. Cela fait du judaïsme orthodoxe une religion très difficile à observer.
Mais le sage et très savant Rabbi Akiva (période romaine, vers l’an 100) dit un jour à ses élèves « S’il faut résumer toutes les Ecritures en une phrase, je dirais « Crains le Seigneur et aimes ton Prochain comme toi-même ». Cette formule, explicitée plus longuement, se trouve dans les propos cités par Jésus de Nazareth tels que rapportés dans les Evangiles.

A noter : Il n’est pas fait mention de « Diable » dans la religion juive. On y parle de « Satan », serviteur un peu particulier du Seigneur : Satan veut dire « Obstacle », c’est donc celui qui pose des épreuves.

Une prescription importante concerne le devoir de transmission aux jeunes. Cela concerne autant l’histoire du peuple juif que les commandements et la signification des fêtes. La lecture des textes en hébreux ancien est également recommandée pour suivre les offices. Les jeunes les plus zélés sont envoyés dans des écoles rabbiniques (yeshivas ) où l’on apprend à lire et interpréter les textes sacrés.

Note : Les juifs et l’argent. Un commentaire s’impose à ce sujet. Il est dit dans le Deutéronome (XXIII-19) « Tu ne prêteras pas à ton frère avec intérêt, mais tu pourras le faire à un étranger ». Pour certains Rabbi, cela fut interprété et codifié dans le Talmud, afin d’éviter les excès. Mais l’interdiction pure et simple du prêt à intérêt fut reprise dans la religion catholique romaine jusqu’au XVII -ème siècle et dans la religion musulmane. Conséquence : comme les juifs étaient interdits d’exercer toutes sortes de métiers, un grand nombre profita du texte. Ils devinrent ainsi des prêteurs et des banquiers. Mais certains pratiquèrent l’usure, ce qui est interdit dans le Talmud.

7. La loi juive et l’homosexualité.
Cette question, très actuelle, est très peu abordée dans le Talmud et autres ouvrages religieux. Une des raisons est que le 3 ème livre de la Loi, qui traite des interdictions, est très formel quant à l’interdiction de l’homosexualité masculine. L’homosexualité féminine n’est pas abordée, pas clairement du moins, un peu comme si elle était tolérée mais secrète ? Les juifs libéraux du monde anglo-saxon se montrent cependant souvent moins stricts en matière d’homosexualité chez leurs fidèles. La plupart des rabbins recommandent une attitude de respect et de compréhension vis-à-vis des homosexuels, juifs ou non.


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E. LES PRINCIPALES FÊTES JUIVES


1. LE JOUR DE SABBAT (du vendredi soir au samedi soir). C'est un jour de repos.
Sabbat (ou Shabbat) signifie «cesser» : cesser de travailler, d'utiliser des objets. C’est donc un jour de repos, mais aussi de prière. 39 interdictions de travail ou de création furent désignées à Moïse. Pour un Juif pieux et de stricte observance, cela s’est multiplié en divers corolaires : il convient de ne pas : fumer, allumer de feu, rouler en voiture, de ne pas cuisiner et de ne pas toucher de l'argent. En Israël, ni les bus, ni les trains ne roulent le samedi. Les bateaux nationaux n'accostent pas à Haïfa ce jour-là. Les avions israéliens restent à l'aérodrome pour la même raison. Ces interdictions cachent un peu le sens réel de la fête qui rappelle la Création, et le fait que le 7ème jour (ère dans le sens actuel), le Seigneur se retira, laissant place à la nature et à l’homme pour achever la création.

Note complémentaire sur le Sabbat. « La Spécificité du Sabbat pour la vie juive est l’authentique affirmation de la création du monde et donc de son Créateur, et de la délivrance de l’esclavage » (Gérard Haddad ). Le respect du 7 -ème jour est inscrit comme quatrième commandement dans les dix remis à Moïse par le Seigneur : « 6 jours tu travailleras mais le 7 -ème jour est le jour de repos. Tu ne feras aucune 
œuvre ce jour-là … » Cela constituait alors une révolution sociale considérable, puisque la notion de jour de repos et de prière pour tous n’existait pas jusqu’alors. Les premiers chrétiens observaient donc aussi le sabbat. C’est en l’an 312 que l’empereur romain Constantin se convertit au christianisme. En 321, il imposa de faire du jour du Soleil romain, le 7 -ème jour. De là des traductions telles que « Sunday » ou « Sonntag » ou « Zondag ». En français, et d’autres langues latines, dimanche vient du latin « dies dominicus » (jour du Seigneur). Cette décision d’instituer le dimanche fut confirmée par le concile de Laodicée en 364, l’Eglise se distinguant alors volontairement du judaïsme. Certaines communautés chrétiennes d’Orient resteront cependant au sabbat jusqu’au septième siècle. Pour l’Islam, en résumé, le Prophète a dit que le vendredi est le plus important des jours : le jour où Allah installa l’homme au jardin d’Eden, le jour où il l’en chassa, le jour où aura lieu la fin du monde, le jour où il y a un moment idéal pour que les prières atteignent Allah. Il est très vraisemblable, aussi, que le vendredi fut choisi afin de se distinguer des « Infidèles », juifs et catholiques.

2. ROCH HACHANA (entre le 15 septembre et le 15 octobre). Roch Hachana est la fête du Nouvel an. Elle rappelle aussi la libération d'Égypte et la révélation du Seigneur à Moïse
Les cornes de bélier dans lesquelles les rabbins soufflent sont désignées sous le nom de « chofar ». La Bible raconte que c’est au son du chofar, au sommet du Mont Sinaï, que le Seigneur s’est révélé à Moïse. Le son strident du chofar, très particulier, est destiné à remuer les êtres jusqu’au plus profond d’eux même. Le son du chofar marque de manière solennelle la fin des offices de Roch Hachana et de Yom Kippour.


3. YOM KIPPOUR (8 jours après Roch Hachana). Jour du grand Pardon, consacré uniquement à la prière. Jeûne complet du lever au coucher du soleil et prières du lever au coucher du soleil. Le but de cette siante journée : que chacun prenne conscience de ses fautes et de ses attitudes rigides et trouve le moyen de s'améliorer.
Que rappelle le jour de Kippour ? Les talmudistes ont retrouvé que ce jour rappelle le don aux hébreux des secondes tables de le loi. Moïse avait en effet cassé les premières sous l'effet de sa sainte colère (rappel : en son absence, le peuple s'était tourné vers l'adoration du Veau d'Or). Moïse repartit sur le Sinaï et en ramena les secondes, qui seules furent connues du peuple.
A noter : du temps des juifs et de leur grand Temple à Jérusalem, à la fin de la fête de Yom-Kippour, on sacrifiait un bouc et l’on chargeait symboliquement un autre de tous les péchés d’Israël. Ce dernier était alors chassé dans le désert. L’expression « bouc émissaire » vient de là.

4. SOUCCOTH (5 jours après Yom Kippour). Dite aussi fête des tentes. S'écrit aussi "Soukot". Dure 7 jours, dont les deux premiers jours sont fériés. On prend ses repas sous des abris provisoires. C'est un souvenir des 40 ans d'errance des Hébreux dans le désert du Sinaï: Pour se protéger du soleil brûlant, les hébreux transportaient des abris légers avec toit de feuilles. Souccoth c'est aussi une fête de la récolte.

5. SIM'HAT TORAH (après les fêtes de Soouccoth). Fête d'origine rabbinique, remonte au temps des juifs de Babylone. Elle célèbre de manière festive la fin du cycle annuel de lecture de la Torah. 

6. HANOUCCA (8 jours, non fériés, en décembre). S'écrit aussi "Hanouka". Commémore la victoire de Juda Maccabée en 167 av. J.-C. contre lesChandelelier Gréco-Syriens. (voir « dates clés »). Le Temple avait été pillé. Une statue de Zeus y avait été installée. Une révolte juive, menée par Judas Maccabée, permit de restituer le temple au culte. Pour le purifier, il fallait faire luire un chandelier à 7 branches (Menorah). On ne retrouva qu’une petite fiole d’huile, mais elle brûla 8 jours. En souvenir de ces événements, on ajouta une branche de plus aux chandeliers utilisés lors de la fête qui évoque cet événement. Lors de Hanoucca, on allume chaque jour un des 8 cierges d’un chandelier à 9 branches, la neuvième servant à l’allumage. Chandelier dit d'Hanoucca. Symboliquement, le chandelier de Hanoucca signifie la persistance de la lumière de la Thora (la Loi).

7. TOU BICHVAT (un jour fin janvier /début février). Tou Bichvat pour fêter le renouveau de la nature, le « Nouvel An des Arbres ». En effet, c’est environ la date de la montée en sève des arbres. Des versets bibliques font allusion à l'importance réelle et symbolique des arbres, surtout ceux fruitiers.
Cette fête, non reprise dans les Livres, a pris de l'importance au XXI ème siècle, de par son contexte écologique.
On y consomme certains fruits en provenance d'Israël, sources de bénédictions. Evocation du Jardin d'Eden où le Seigneur fait d'Adam le gardien de la nature.

8. POURIM (un jour en février / mars). Pourim rappelle comment la reine Esther sauva son peuple Israël de l'extermination par Amman, roi de Perse, au Vème siècle avant J.-C.
Amman allait être le premier "grand exterminateur" du peuple juif, alors réparti dans l'immense empire perse du roi Assuérus. Esther, fille du juif Mardoché, était devenue la femmes préférée du roi. Elle usa habilement de son influence pour révéler au roi le sinistre dessein de son premier ministre.
Pourim est donc une fête de joie, où les enfants sont mis au premier plan.

9. PESSAH (8 jours, dont les deux premiers et les deux derniers sont fériés en mars / avril). Pessah rappelle le passage du Seigneur par-dessus les maisons des enfants d'Israël pour les préserver de la dixième plaie d'Égypte : tous ceux qui avaient enduit la porte d'entrée du sang d'un agneau virent préserver leur enfant aîné. De là, la coutume de consommer l'agneau pascal. La fameuse cène du repas de Jésus et des apôtres se passait au repas de Pâques. Les repas du soir des deux premiers jours de Pâque juif ont une ordonnance traditionnelle et s'appellent «Seder». Durant la période de la Pâque juive, on consomme du pain sans levain : « Matsoth ».

Note complémentaire sur le Seder de Pessah :
Seder, en hébreu, signifie "ordre" et désigne l'ensemble des composantes d'un rite. Lorsqu'on parle du Seder pascal, on entend l'ensemble de la célébration - qui peut durer quelques heures - au cours de laquelle les juifs, lors de la Pâque, font mémoire et revivent en famille l’histoire du peuple juif et l'événement de leur libération de l’esclavage en Egypte.
Ce moment est appelé lecture de la Haggadah, terme qui signifie « récit, raconter ». La Haggadah est le texte le plus important de la Pâque juive, fondé sur le précepte biblique de raconter à ses enfants l'intervention de Dieu pour libérer son peuple d'Egypte. La Haggadah fait le sujet de nombreux livres. Elle fut imprimée pour la première fois en 1482, en Espagne, à Guadalajara Actuellement, ses lecteurs juifs sont presque plus nombreux que ceux de la Bible.
Après les prières et l’évocation de la Haggadah à travers le questionnement de 4 enfants, vient le repas traditionnel, accompagné de vin. Le Seder de Pâques est une cérémonie familiale ouverte à tous ceux qui ont faim (matériellement ou spirituellement). Il est donc aussi ouvert aux non juifs.
On notera que certaines communautés chrétiennes se réunissent aussi à Pâques pour une cérémonie qui évoque les origines de la Pâques chrétienne, quand Jésus partagea ce dernier repas avec ses disciples
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10. JOURS DE L'OMER C'est un décompte de 50 jours, à compter à partir du lendemain de la fête de PESSAH. Ce décompte permettait de définir le jour de la fête de Chavouoth (voir ci-dessous). A ce moment précis le don d'une partie de la récolte de blé devait avoir lieu. Depuis, diverses interprétations savantes en ont été faites. Toujours est-il que chacun de ces jours définit une prière particulière qui doit être dite. 

11. YOM HASHOAH
(un jour, peu après Pessah). Commémoration de la Shoah, il a été institué par une loi en Israël en 1951. Sa date correspond à peu près à celle du soulèvement du Ghetto de Varsovie, soulèvement qui fut suivi d'un massacre général par les nazis.

12. CHAVOUOTH (2 jours, 7 semaines après Pessah). Rappelle la révélation de la Thora à Moïse au mont Sinaï. Comme elle tombe au début de l'été, en Israël, on y remerciait aussi le Seigneur pour la récolte. Dans les Evangiles, c'est à Chavouoth que l'Esprit Saint descendit sur les apôtres (Pentecôte, du grec Pentekostè = 50 -ème, 50 jours après Pâques).
Note complémentaire : livre de Ruth
Lors de cette fête, on lit ce livre qui rappelle Ruth, une jeune femme d’une famille du pays de Moab (actuellement Jordanie). Sa famille s’installa en Israël suite à une famine. Remarquée par Boaz, alors qu’elle glanait au bord de son champ. Ruth épousa ce juif après s’être convertie. Elle marqua ainsi l’histoire comme premier converti accepté en Israël. Histoire importante aussi, car son fils Obed a dans sa descendance le roi David, dont on dit aussi que descend Jésus de Nazareth !

13. Roch hodech, littéralement « la tête du mois », désigne en hébreu le premier jour du mois lunaire, que l’on nomme couramment en français nouvelle lune ou néoménie. A l’origine simple marqueur calendaire interprété comme une occasion de sacrifices et de réjouissance, déjà dans les civilisations antiques.
les néoménies ont récemment été l’objet d’un regain d’intérêt dans le judaïsme en tant que fêtes spécifiquement féminines.

Fêtes en Fonction des circonstances :

11. BAR MITSVA. La bar mitsva est une cérémonie religieuse qui officialise l'entrée du garçon comme membre majeur au sein de la communauté d'Israël. A 13 ans, les jeunes gens, après une préparation d'un an, sont honorés par un office. On peut faire une équivalence avec la cérémonie de la confirmation catholique, mais la fête ressemble plus à la Communion Solennelle.
Depuis le début du XX ème siècle, une cérémonie semblable a été créée pour les jeunes filles : la bat mitsva, laquelle se célèbre pour elles à l’âge de 12 ans.


12. MARIAGE. Comme dans toutes les religions, dans le judaïsme ancien, il y avait une possibilité pour un homme d’épouser une seconde femme, par exemple en cas d’infertilité avérée de la première. Depuis le XXème siècle, plus aucune communauté n’admet la polygamie. Le divorce peut être prononcé dans certains cas, assez rares
Lors de la cérémonie du mariage juif, suivant en cela les enseignements du Talmud, les époux reçoivent un « protocole » par lequel le mari s’engage à diverses obligations matérielles vis-à-vis de son épouse. Il n’y a pas l’inverse ! Ce document définit aussi les obligations du mari en cas de divorce. En effet, le divorce peut être prononcé par des autorités religieuses si certaines conditions sont remplies.
A partir du III -ème siècle, le rabbinat exige le consentement mutuel des époux.


13. INHUMATION. Le corps doit être mis en terre dans une tenue simple et un cercueil de facture sommaire.Hommage au morts C’est symbolique de l’abandon des biens terrestres et de l’attente de la résurrection des morts. La cérémonie religieuse se tient uniquement au cimetière. On ne met pas de fleurs sur la tombe. (Cette humilité dont doit faire preuve l’inhumation se retrouve dans la religion islamiste)
Chaque participant est invité à jeter trois pelletées de terre dans la fosse. Après la cérémonie, les gens sont invités à laver leurs mains, la mort étant "impure". L'attente de la résurection des morts justifie le fait que les tombes ne peuvent être détruites. Cela se retrouve aussi chez les musulmans.

En souvenir des décédés, on allume parfois une bougie, une flamme dans de l'huile, ou encore une bougie électrique. Voir illustration.

13. CIRCONCISION. (Brith-Mila). Tout garçon mâle qui est né de mère juive doit être circoncis à l’âge de 8 jours si la santé de l’enfant le permet. C’est ce que l’on appelle « le signe de l’alliance divine » perpétué depuis qu’Abraham l’avait exécuté sur son fils Ysaac. Cette pratique se retrouve dans nombre de religions et ethnies. Lors de la cérémonie de la circoncision, c’est le parrain de l’enfant qui tient celui-ci dans ses bras. L’opération ne peut être faite que par un spécialiste ou le rabbin, s’il l’est. Intéressant : La médecine moderne tend à penser que cette opération apporterait une meilleure défense contre les contaminations via l’organe génital, du moins dans les populations à risque.

Note 1 : Aux origines de la circoncision.
On sait maintenant que la circoncision est une pratique ancestrale dont on retrouve des traces depuis des hiéroglyphes égyptiens jusqu’aux confins de l’Afrique, du Moyen Orient et de l’Océanie. Mais il s’agissait là plus que probablement de cultes phalliques marquant l’accession du jeune à sa position d’adulte.

Note 2 : Le Baptême n’existe pas dans le judaïsme puisque l’enfant est juif de par sa mère. Chez les Musulmans, peu importe celui des parents qui est musulman. L’enfant sera toujours considéré musulman. Chez les Musulmans, la circoncision se pratique sur les enfants âgés de 5 et 13 ans, avant la puberté. Elle a la même signification que chez les Juifs : acte d’alliance.
En 2013, une motion du parlement européen visait à interdire l’excision, mais aussi la circoncision, comme atteinte à l’intégrité du corps de l’enfant sans son consentement. Cette idée continue à être défendue par certains mouvements laïcs.
J’espère que le lecteur comprendra ici qu’une interdiction de la circoncision reviendrait à retirer le jeune de sa communauté religieuse, alors que l’opération est bénigne et sans conséquences si elle est pratiquée de manière hygiénique. Elle est souvent réalisée en clinique depuis la fin du XX -ème siècle. L’interdire est impensable pour tout juif et tout musulman.


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F. HISTOIRE DE L'ÉCRITURE  HÉBRAÏQUE

L'hébreu écrit, pour ceux qui ne le connaissent pas, parait impénétrable, au même titre que l'arabe. (Voir Annexe 1). Et pourtant, notre alphabet a les mêmes origines que l’hébreu ! Voilà ce que je compte vous faire découvrir via quelques étapes historiques :
-1850 Les Hébreux arrivent au pays de Canaan (entre le Jourdain et la Méditerranée) et découvrent là une écriture basée sur les sons et non sur les signes ou les idéogrammes.
-1600 environ : invention en Mésopotamie de systèmes phonétiques divers pour l'écriture. Ils seront à la base du système d'écriture des Phéniciens.
-1500 L'alphabet phénicien «moderne», s'il n'est pas le premier basé sus une représentation de sons, est celui d'où vont dériver tous les systèmes alphabétiques du monde ! Il est basé sur des consonnes et s'écrit de droite à gauche.
-950 À cette date remontent les premières traces trouvées en Syrie. Les Hébreux adoptent ce système, nommé actuellement «protohébraïque» (tablette de Gérer, -950, époque du roi Salomon, stèle du roi de Moab ; -850, stèle «de la maison de David», de -800).
-800 L'écriture des Hébreux a évolué. Ils adoptent désormais ce qu'on nomme «l'hébreu carré». Il comporte 22 consonnes. Chacune a un nom et une valeur chiffrée.
-500 L'araméen devient officiellement la langue et l'écriture de l'empire perse. À ce titre, il se répand dans tout le Moyen-Orient. Les fameux « manuscrits de la mer morte » furent écrits partiellement en araméen. Pour le reste en hébreux ancien et certains même en grec.
-200 À cette date, on constate que l'alphabet phénicien a donné naissance à 3 types fondamentaux d'écritures :
a) consonantique : hébreu carré, syriaque, arabe ;
b) vocalique : latin, grec ;
c) syllabique : Asie centrale, Inde. A noter : les hébreux, comme les égyptiens, écrivaient sur des rouleaux de parche-min. La position du scribe avait imposé l’adoption du sens droite-gauche.
135 Après la dernière révolte des Juifs contre les Romains, ceux-ci les chassent définitivement de Palestine.
200 Dans la diaspora juive, l'hébreu devient une langue, et une écriture, uniquement religieuse et savante. Le latin subira le même sort à la chute de l'Empire Romain. Les Juifs adoptent la langue de leur pays d'adoption.
1500 Les Juifs des pays de l'est de l'Europe (Juifs Ashkénazes) parlèrent une langue basée sur l'hébreu et l'allemand, auxquels se mêlent successivement du slave et du polonais lors de leur expansion en Pologne : c'est le «yiddish» (voir A6). C'est vers 1500 que les Juifs adoptent l'alphabet hébreu pour écrire cette langue.
1891 De nombreux Juifs se sont établis en Palestine, alors sous mandat britannique. Un de ces Juifs, Eliezer Ben Yehouda, rassemble l'ensemble des connaissances relatives à l'hébreu et sous son impulsion, un «Comité de la langue» est créé. Cette date est retenue comme étant celle de la résurrection de la langue hébraïque.
1922 Eliezer Ben Yehouda parvient au bout de multiples efforts à faire en sorte que l'Angleterre accepte que l'hébreu devienne une des trois langues officielles de la Palestine, aux côtés de l'arabe et de l'anglais. Il aura aussi eu à vaincre l’opposition des Juifs religieux, attachés à l’usage exclusif de l’hébreu dans le domaine religieux.
1948 L'hébreu devient la langue officielle de l'État juif. Il faudra cependant attendre les années 1980 pour qu’il supplante définitivement l’usage du Yiddish.
Et depuis … son écriture évolue pour en faciliter l'usage. De même, la langue s'enrichit de tout un vocabulaire propre au XXème siècle. C'est l'hébreu moderne. Mais l'ancienne écriture reste toujours enseignée et sa lecture s'impose pour tous les textes sacrés.

Dans l’annexe 1, on trouve en dessous de chaque lettre sa valeur numérique.
L’usage direct est simple : comme il n’y a pas de chiffres hébreux, les lettres servent de chiffres ou de nombre.
L’usage indirect est laissé aux sages, interprètes de la Loi de Moïse et des écritures : donner une valeur à un mot ne serait pas l’effet du hasard, mais une indication complémentaire, selon les courants de pensée dépendant de la Kabbale.

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G. QUELQUES PERSONNALITÉS JUIVES


Le peuple juif a généré une quantité impressionnante de savants, scientifiques, musiciens, artistes divers, philosophes ... Ceux-ci s’intégrèrent dans la culture occidentale à partir des invasions romaines et arabes. Ces personnalités juives furent influencées par la culture du temps et ils la marquèrent de leur empreinte :
Parmi les scientifiques :
Moïse MAÏMONIDE, (1138 – 1204) : né à Cordoue, mais exilé au Maghreb occidental, puis en Egypte. Théologien, philosophe et médecin très renommé en son temps. Son œuvre théologique constitue un des socles de la pensée juive et influença les humanistes de son temps, dont St Thomas d'Aquin. Dans son ouvrage « Le Guide des Egarés », il est un des premiers à concilier science et religion. Dans ses commentaires sur la « Mishna », il énonça 13 articles de foi fondamentaux, mais qui furent naturellement discutés et contestés, pourtant...
Albert MICHELSON, (1852 – 1931) : Physicien né en Pologne, devenu Américain, connu pour ses expériences sur la vitesse de la lumière, prix Nobel de physique en 1907.
Sigmund FREUD, (1856 – 1939) : né en Moravie (Autriche-Hongrie), il passa l’essentiel de sa vie à Vienne. Peu religieux mais très versé dans la Bible, médecin, neurologue, père de la psychanalyse. Son œuvre a eu une telle répercussion qu'il est inutile d'insister sur son influence dans le domaine de la psychanalyse
Albert EINSTEIN, (1879 – 1955) : Physicien né en Pologne, devenu Suisse puis Américain. Célèbre pour ses théories de la relativité et la relation entre énergie, masse et lumière (E=Mc²), prix Nobel en 1921. On lui doit les théories de la relativité restreinte et de la relativité générale, qui bouleversèrent la physique autant que le fit Newton.
Claude LEVI-STRAUSS, (1908 – 2009) : anthropologue et ethnologue né à Bruxelles mais devenu français. A exercé une influence décisive sur les sciences humaines dans la seconde moitié du XXe siècle en étant notamment l'une des figures fondatrices de la pensée structuraliste. Professeur honoraire au Collège de France, il en a occupé la chaire d'anthropologie sociale de 1959 à 1982. Il était également membre de l'Académie française dont il était devenu le premier centenaire.
Milton FRIEDMAN, (1912 – 2006) : né à New-York. Economiste Américain, père d’une théorie de contrôle de la masse monétaire. Prix Nobel d’économie en 1976.
Ilyia PRIGOGINE, (1912 – 2003) : né à Moscou. Devenu belge, il fut un éminent chimiste et physicien. Travaux théoriques importants en physique, dans le domaine de la thermodynamique. Il fut professeur à l’ULB et reçu le prix Nobel de physique en 1977.
Parmi les musiciens :
Felix MENDELSSOHN – BARTHOLDY , (1809 - 1847) : Né et mort à Berlin. Pianiste (petit-fils du philosophe Moses MENDELSSOHN) Pianiste, chef d’orchestre, il est surtout connu pour ses nombreuses compositions musicales.
Darius MILHAUD, (1892 - 1974) : né à Marseille. Compositeur français très prolifique de tous types d’œuvres musicales. Aussi chef d’orchestre, malgré qu’il ait toujours été handicapé par les rhumatismes articulaires. A aussi beaucoup ouvré dans l’enseignement musical.
Arnold SCHOENBERG, (1874 – 1951) : né en Autriche mais devenu américain. Compositeur qui influença profondément la musique classique du XX -ème siècle.
Vladimir HOROWITZ , (1903 --1989), pianiste virtuose né en Ukraine. Il rejoignit les USA en 1936. Il composa aussi de nombreux arrangements musicaux d’œuvres célèbres.
Yehudi MENUHIN , (1916 - 1999 ) : né à New-York. Américain d’abord, il devint citoyen Suisse en 1970. Mais c’est au Royaume-Uni qu’il fut le plus distingué : la Reine le nomma « Lord ». Il fut un violoniste enfant prodige, mais par la suite joua aussi de nombreux autres instruments. Doué d’un charisme exceptionnel.
Leonard BERNSTEIN , (1918 -1990 ) : né à Lawrence – Massachusetts. Compositeur américain, pianiste et un des plus grands chef d'orchestre de son époque, entre 1958 et 1979. Sa réalisation la plus connue : West Side Story (1957).
Jean-Jacques GOLDMAN , (1951 - ) : né à Paris. Auteur, compositeur, interprète français. Il a composé chansons et musiques non seulement pour lui, mais pour d'autres artistes de la chanson. Il a formé des ensembles musicaux et fut actif dans plusieurs sociétés caritatives.
Giora FEIDMAN, (1936 - ) : né en Argentine d’une famille juive ashkénaze émigrée d’Europe centrale. Cette famille cultivait la tradition de la clarinette utilisée dans la musique juive traditionnelle de ces régions : la musique Klezmer. Feidman débuta sa carrière dès 18 ans comme clarinettiste dans la musique symphonique, d’abord à Buenos Aires, puis en 1956 en Israël, où il est toujours installé. Ce musicien très doué, dont le nom est bien moins connu que ses œuvres, a largement contribué à la promotion de cette musique Klezmer. Il a déjà formé de nombreuses générations dans sa classe « Clarinette et Klezmer en Galilée ». Sa discographie est très abondante.
Parmi les écrivains et philosophes :
Baruh SPINOZA, (1632-1677) : né en Espagne d'une famille juive "Maranne" qui s'exila suite à l'Inquisition active dans les royaumes d'Espagne et du Portugal. Sa famille s'installa à Amsterdam. Très érudit, très marqué par la philosophie de Descartes. Sa vision de Dieu et de la religion le fit exclure de sa communauté juive sépharade. Il inspira et inspire encore une vision "libérale" des religions. 
Henri BERGSON, (1859 - 1941) : né à Paris. Philosophe français, professeur de littérature reconnu internationalement, il obtint un Nobel en 1927. Il s'intéressait à la Métaphysique et même à la Mystique. Auteur de 4 œuvres majeures.
Joseph KESSEL , (1898 - 1979) : né en Argentine. Ecrivain, journaliste, aventurier et reporter français. Grand résistant, il est le créateur, avec son neveu Maurice Druon, des paroles du « Chant des Partisans » (1943). Romans les plus célèbres : Le Lion, Belle de Jour, Les Mains du Miracle.
Franz KAFKA, (1883 - 1924) : né à Prague. Ecrivain thèque de langue allemande, il finit sa vie à Berlin. Ses écrits reflètent une vue absurde, sinistre de l’existence. Oeuvres les plus connues : Le Procès, La Métamorphose.
Theodore HERZL, (1860 – 1904) : né à Budapest. D'abord correspondant de presse, puis écrivain, cet austro-hongrois fut fondateur du mouvement sioniste ( retour à un Etat Juif). Son livre fondateur en la matière : Der Judenstaat.
Parmi les politiques :
Benjamin DISRAELI, (1804 - 1881) : né en Angleterre, dans une famille juive sépharade. Il se convertit à la religion anglicane dès l’âge de 12 ans, mais cela n’empêcha pas ses adversaires de le considérer comme juif, ce qui ne lui facilita pas sa carrière politique. Il fut d’abord un auteur d’une quinzaine de romans, avant d’entrer au parti conservateur à la chambre des Communes. C’est quand il devint leader de ce parti que sa carrière politique prit son élan. En 1898, il devint même, brièvement, premier ministre de la reine Victoria, laquelle l’appréciait beaucoup. On lui attribue une grande influence politique en son temps.
Karl MARX , (1818 -1883) : né à Trèves en Rhénanie. C’est un historien, journaliste, philosophe, économiste, sociologue, essayiste, et théoricien révolutionnaire socialiste et communiste allemand. Il est connu pour sa conception matérialiste de l'histoire, sa description des rouages du capitalisme, et pour son activité révolutionnaire au sein des organisations ouvrières en Europe. Il a notamment participé à l'Association internationale des travailleurs. L'ensemble des courants de pensées inspirés des travaux de Marx est désigné sous le nom de marxisme. Il a eu une grande influence sur le développement ultérieur de la sociologie. Il est mort à Londres.
Léon TROTSKY, (1879 - 1940) : né Lev DAVIDOVITCH BRONSTEIN, en Ukraine. Grand orateur, historien mémorialiste. Il fut militant marxiste, puis adhéra en 1917 au parti bolchevik, aux côtés de Lénine. Cela lui valut déportation en Sibérie. Ensuite, proche de Lénine, il fut le fondateur de l’Armée Rouge. Devenu très puissant, il fonda la « IV -ème Internationale » dont l’action en Russie fut marquante, mais aussi assez cruelle. Son opposition à Staline lui valut, en 1929, le bannissement de l’URSS. Il émigra au Mexique en 1936, pays où il fut très apprécié. Mais il sera assassiné à Mexico par un fanatique commandité par Staline.
Golda MEIR, (1898 - 1978) : née à Kiev, en URSS, elle émigra avec sa famille aux USA en 1906. Dès son adolescence, elle milita pour la cause sioniste. Elle émigra en Palestine en 1921, où elle militera pour l’indépendance d’un Etat Juif. En 1948, elle cosignera la déclaration d’indépendance d’Israël. Elle siègera au parlement Israélien de 1949 à 1974, et sera ministre sous les gouvernements Ben Gourion. Elle devint elle-même premier ministre et démissionna après la guerre de Kippour. Femme de tête et d’esprit, elle recueillit une totale adhésion de son peuple.
René CASSIN, (1887 - 1976 ) : né à Bayonne. Juriste, diplomate et homme politique français. Résistant durant la guerre 1940. Un des auteurs de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Prix Nobel de la paix en 1968. Sa compétence et son rayonnement international lui valut l’honneur de reposer au Panthéon à Paris.
Pierre MENDES FRANCE, (1907 – 1982 ) : né et mort à Paris. Cet homme politique juif, mais non religieux, appartenait au mouvement « Radical-Socialiste » qu’il rallia dès 1932. Il est surtout connu comme opposant farouche aux guerres d’Indochine et d’Algérie. Il œuvra comme pacificateur en Algérie et au Maroc. Il continue à représenter la morale et la conception exigeante de la politique.
Henry KISSINGER, (1923 - 1975) : né à Fürth, en Allemagne. Exilé avec sa famille, ce politologue, diplomate et homme politique devint américain en 1943. Il joua un rôle important durant la guerre froide, entre 1968 et 1977, sous les présidents R. Nixon et G. Ford. Prix Nobel de la paix en 1973 pour son action visant à la fin des guerres du Viêt Nam et de Kippour.
Parmi des artistes peintres et autres :
Steven SPIELBERG, (1946 - ) : né à Cincinnati dans l’Ohio. Passionné de cinéma dès son enfance, il passa sa vie en tant que réalisateur, scénariste ou producteur d’un nombre important de films, dont certains marquèrent l’histoire du cinéma. Citons par ex : Dans la catégorie divertissement, « Les Dents de la Mer » (1975), E.T. (1982), « Indiana Jones » (1984), « Jurassic Park » (1993). Dans la catégorie plus sérieuse : « Il faut sauver le Soldat Ryan » (1998) et « La Liste de Schindler » (1993).
Amedeo MODIGLIANI, (1884 - 1920) : né à Livourne, en Italie. Il étudia la peinture à Florence et déménagea à Paris en 1906. C’est là qu’il rencontra l’avant-garde des peintres de l’époque et s’inscrit dans leur courant. Modigliani est connu comme peintre de figures, de portraits, de nus. Il fut aussi sculpteur. Son style est très marqué : visages en forme de masques, formes corporelles étirées, surtout dans ses sculptures.
Marc CHAGALL, (1887 - 1985) : né en Biélorussie. Il étudia la peinture à St Petersburg, puis partit à Paris en 1910. Là le fauvisme et le cubisme l’influencèrent, mais il garda toujours son style propre. Reparti à Moscou en 1915, il revint à Paris en 1922 et fut naturalisé français en 1937. Après la guerre, il sera un des peintres les plus célèbres de son pays. Il fera aussi des mosaïques et des vitraux.
Jacqueline HARPMAN , (1929 - 2012) : née à Bruxelles, écrivaine et psychanalyste belge. Elle passa avec sa famille la période 1940 – 45 à Casablanca, où elle fut prise de passion pour la littérature française. A son retour en Belgique, elle suivit une formation en médecine à l’ULB, orientation psychanalyse. Parmi sa trentaine d’œuvres littéraires, citons : « La Plage d’Ostende » (1992), Orlanda (1996, prix Médicis), « La Dormition des Amants » (2003).
Joann SFAR, (1971 - ) : né à Nice. Dessinateur et scénariste de nombreuses bandes dessinées, dont les séries « Donjon » et « Chat du Rabbin ». On y sent sa formation philosophique. Il est également réalisateur de films d’animation.
Mais la personnalité juive la plus célèbre ne fut-elle pas :
… JÉSUS-CHRIST (Yessuah Ben Yussef)
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            En guise de conclusion, avant les annexes.
       

        Cher lecteur,

        Intéressé par ce sujet ?
        Il y a de par le monde de nombreux musées consacrés au judaïsme, à la vie juive, ou tout simplement de merveilleuses synagogues.
        Mais dans l'esprit de ce qui précède, je pense surtout à vous recommander la visite du merveilleux musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme ,
        non loin de l'Ile St Louis, station metro Temple.

            Hôtel de Saint-Aignan
            71, rue du Temple
            75003 Paris

       
A Bruxelles, dans le quartier central "du Sablon", se trouve le Musée Juif de Belgique : Art et histoire du judaïsme de des juifs en Belgique
             
Musée Juif de Belgique - Brussels Museums

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 ANNEXE 1 : ALPHABET HEBREU  ET VALEUR NUMERIQUE DES  LETTRES.

Remarque :
L’alphabet hébreux "classique" ou "ancien" est composé uniquement de consonnes. La tradition orale indiquait comment devait se lire le texte. Des signes de ponctuation accompagnent aussi les textes importants.
Les Grecs ont trouvé une manière simple pour lire les signes hébreux. C’est ainsi que l’on retrouve un nom avec des voyelles , et que certains parallélismes peuvent se retrouver. Exemples :
Alef <-> Alpha
Bet <-> Beta
Dalet <-> Delta
Resh <-> Rho
Le tableau indique aussi la valeur numérique des lettres
.


Alphabet Hébreux
                                                   


ANNEXE 2 : ARBRE DES RELIGIONS ISSUES D’ABRAHAM :

Arbre des Religions Abraham


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ANNEXE 4: LE CANTIQUE DES CANTIQUES


Le Cantique des Cantiques , chant d’amour attribué au Roi Salomon dans la tradition juive, a fait l’objet de nombreux débats entre rabbis juifs, puis entre savants religieux ou non. Je m’appuie ici sur la vision du Cantique des Cantiques reprise dans le Dictionnaire Encyclopédique de la Bible, réalisé par I&B de Maredsous, mais en me permettant quelques omissions et ajouts qui tiennent compte de sources juives, dont celle du Grand rabbin Benizri.
Auteur et date :
L'attribution du Cantique des C. au Roi Salomon ne saurait être retenue d’après les chercheurs. La langue, en effet, est tardive; elle est proche de celle pratiquée au IIIe siècle av. J.C., et elle est émaillée de mots simplement transcrits de langues telles que l'araméen, le perse et le grec. Les dates proposées oscillent donc entre le Ve et le IIIe siècles av. J.C.
L'incertitude la plus complète règne, en fait, sur le lieu d'origine de l'ouvrage et sur son auteur ! Si la Bible de Jérusalem estime que celui-ci a vécu certainement en Palestine, d'autres ont pensé qu'il a pu composer son 
œuvre à Alexandrie, dans le milieu juif lettré dont a parlé Eusèbe (Eusèbe est en fait un recueil d’homélies attribuées à un certain patriarche Eusèbe d’Alexandrie aux V ème et VI ème siècle).
Forme :
A le prendre tel qu'il se présente, sans céder à des idées préconçues, Cantique des C. apparaît comme un simple poème d'amour, mettant en scène deux jeunes gens, garçon et fille, qui échangent de galants propos. L’aspect érotique de certains passages a même gêné bien des rabbis et évêques. Dans la version originale, on n'y trouve rien qui évoque si peu que ce soit le sentiment religieux, voire l'aspect moral des choses. Dieu n'y est même pas nommé, sinon à la fin, dans une expression qui a tout l'air d'être stéréotypée
Voici un extrait, pris dans la traduction de la Bible de Jérusalem. Une traduction non orientée ni modifiée du texte est difficile à trouver, en particulier dans les livres de prières juifs et catholiques.

"- Tandis que le roi est en son enclos,
mon nard (huile parfumée orientale très ancienne) exhale son parfum.
Mon bien-aimé est un sachet de myrrhe,
qui repose entre mes seins.
Mon bien-aimé est une grappe de cypre,
dans les vignes d’En-Gaddi.
Que tu es belle, ma bien-aimée,
que tu es belle !
Tes yeux sont des colombes.
Que tu es beau, mon bien-aimé,
combien délicieux !
Notre lit n’est que verdure.
Les poutres de notre maison sont de cèdre,
nos lambris de cyprès.

- Je suis le narcisse de Saron,
le lis des vallées.
- Comme le lis entre les chardons,
telle ma bien-aimée entre les jeunes femmes.
- Comme le pommier parmi les arbres d’un verger,
ainsi mon bien-aimé parmi les jeunes hommes.
A son ombre désirée je me suis assise,
et son fruit est doux à mon palais.
Il m’a menée au cellier,
et la bannière qu’il dresse sur moi,
c’est l’amour.
Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin,
ranimez-moi avec des pommes,
car je suis malade d’amour.
Son bras gauche est sous ma tête
et sa droite m’étreint.
- Je vous en conjure,
filles de Jérusalem,
par les gazelles, par les biches des champs,
n’éveillez pas, ne réveillez pas mon amour,
avant l’heure de son bon plaisir."

Interprétation:
Comment se fait-il, dès lors, que pareil écrit figure dans ce recueil éminemment sacré qu'est la Bible? Tel est le problème, un problème auquel l'exégèse fut très tôt confrontée, et devant lequel elle ne pouvait que rester perplexe.
Très tôt aussi, cependant, elle s'est orientée vers une interprétation allégorique, et elle s'est efforcée de déceler derrière des mots et des images apparemment tous profanes un foisonnement de “mystères”, une signification profonde et cachée. Ce fut déjà le cas de l'exégèse rabbinique. On trouve des traces de cette interprétation dans la Mekhilta (“Règle” ou “Mesure”) de rabbi Simon, qui date de la fin du IIe ou du début du IIIe siècle de notre ère et renferme en particulier de nombreuses citations de rabbi Akiba (années 50 à 135). Ce rabbi, aussi appelé Akiva, est considéré comme un des maîtres du judaïsme. L’histoire juive rapporte que seul contre tous les autres rabbis de son époque, rabbi Akiba défendit le maintien de ce texte dans la Bible !
L’interprétation du Cantique des C. devait se perpétuer et s'étoffer chez les commentateurs juifs du Moyen-âge, qui l'ont appliquée, au prix d'une exégèse parfois fort subtile.
Chez les chrétiens, c'est Origène (c. 185 – c. 254), un des pères de l'exégèse biblique, qui lui a consacré un des ses Commentaires. A ses yeux, le Cantique des C. est à la fois une « fabula » (jeu scénique plutôt que drame) et un « epithalamium « (chant nuptial). L'époux n'y est autre que le Christ, l'épouse est l'Église; mais de ce que celle-ci est censée éprouver ou dire. Origène fait souvent une application à l'âme individuelle, à la sienne propre en particulier.
Après lui et comme lui, les auteurs chrétiens de l'Antiquité et du Moyen-âge ont généralement vu dans le Cantique des C. un poème lyrique chantant les noces du Christ et de l'Église, ou du Verbe et de l'âme fidèle – ces deux interprétations se recouvrant souvent en partie – ou encore, mais plus rarement et tardivement, de l'Esprit Saint et de Marie. De ce genre d'interprétation, l'exemple le plus célèbre est celui de saint Bernard et de ses « Sermons sur le Cantique ».
A une époque récente, A. Robert, suivi par A. Feuillet et par R. Tournay première manière, a tenté de lui donner un regain d'actualité. Il a vu dans l'allégorie le sens même voulu par l'auteur. Le but de celui-ci aurait été de chanter l'amour de Yahvé pour Israël, et, ce thème, il l'aurait développé en le dissimulant habilement sous un vêtement littéraire de style anthologique, semé d'allusions subtiles à des faits précis, à des événements marquants de l' histoire du peuple élu et à la géographie de la Palestine.
Plus récemment, R. Tournay a donné à ce genre d'interprétation une tournure plus plausible en faisant de Cantique des C. l'
œuvre d'un lettré qui, tout en imitant la poésie amoureuse égyptienne, aurait consciemment évoqué le mariage de Salomon avec la fille du pharaon, mais en donnant à cette évocation un sens typologique et messianique: celui des amours du nouveau Salomon – le roi-Messie attendu – avec la fille de Sion.

Dernier questionnement.
Comment expliquer qu'un écrit de ce genre, apparemment dépourvu de tout caractère religieux, se soit comme égaré dans la Bible, parmi des ouvrages considérés comme inspirés?
Pour répondre à cette question, il importe de ne pas se cantonner dans le domaine des abstractions, et de se situer dans l'histoire de la formation du canon des Écritures. Ce n'est pas du premier coup, en effet, et ce fut d'abord dans certains milieux seulement, que les ouvrages désignés par la tradition juive sous le nom de Ketûbîm (“Écrits”) ont été groupés et rattachés à la Loi et aux Prophètes, sans toutefois jamais revêtir, aux yeux des rabbins, la même autorité que ces derniers. Parmi ces ouvrages s'est trouvé le Cantique des Cantiques et il semble bien avoir été associé dès l'origine au livre des prophètes pour la simple raison qu’il était attribué à Salomon et que, en outre, on pouvait voir en lui, au prix de quelques interpolations, le chant des amours de ce roi et de la sagesse. C'est là qu'apparemment, c'est dans ce fait tout simple, plutôt que dans des considérations d'ordre abstrait sur la légitimité d'un amour sans tache, sur sa grandeur et sur sa beauté, qu'il faut chercher le motif de l'insertion du Cantique des C. parmi les livres inspirés de la tradition judéo-chrétienne.




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ANNEXE 5: L'ETAT D'ISRAËL en 2019Carte Israel


Comment définir cet Etat tel qu'il est devenu en ce début du XXI -ème siècle ?
C'est un Etat démocratique, où les représentants de la Nation sont élus librement, contrairement à beaucoup de ses voisins. Les institutions publiques sont laïques et fonctionnent selon le modèle des démocraties d'Europe de L'Ouest.
Ce n'est pas un Etat religieux, il n'y a donc pas de religion officielle. Plus de la moitié de la population est composée de juifs non pratiquants mais qui s'identifient à la culture juive. Il y a 20% de musulmans, surtout des palestiniens. Il y a donc des édifices religieux de toutes sortes de confessions,  essentiellement monothéistes.
Il y a une importante minorité de juifs ultrareligieux qui exercent un pouvoir non négligeable dans la ville de Jérusalem et ont de l'influence au Parlement israélien où leur appui à la majorité gouvernementale est souvent indispensable.
A sa naissance, Israël était composé majoritairement de juifs d'origine européenne, à tendance politique de gauche.
Les diverses émigration et les guerres en ont fait un état à majorité politique de droite.
Le seul grand allié militaire de cet Etat face à ses nombreux voisins sont les Etats-Unis.
Israël reste un pays d'accueil pour tous. Mais les européens doivent savoir que la mentalité et le mode de vie qui y règne est très différent de celle des pays d'Europe de l'Ouest.





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LEXIQUE DE TERMES SPECIFIQUES UTILISES.

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A
abattage rituel ...............................
Abraham ......................................
Adonaï .........................................
alliance .......................................
Alliance ......................................
alphabet ......................................
Amidah ......................................
Ancêtres bibliques ......................
année juive .................................
argent ........................................
Ashkénazes ...............................
Assyriens ..................................
G
Ghetto ..................................
Goy .....................................
M
Mahomet ................................
mariage ..............................
matsoth ..............................
Menorah
mezouza .............................
mitzvah ..............................
Moïse ................................
mois calendrier.....................
monothéisme ........................
Musulmane ........................
S
Sabbat ......................................
Satan ........................................
Sarah ou Saraï ..........................
Seder de Pâque ........................
Séfarades .................................
sépher thorah.............................
Sémite ......................................
Shoah ........................................
Sinaï .........................................
sionisme
synagogues ................................
B
Babylone ...................................
Baptême .....................................
bar mitsva ................................
bat mitsva .................................
Bible .........................................
bienfaisance ...............................
bouclier de David .....................
H
Haggadah de Passah .............
halal ...................................
Hanoucca ..............................
Hashem ...............................
Hassidim ..............................
Haut Rabbinat ......................
Hébreu .................................
Hébreux ..............................
histoire ...............................
Hitler .................................
homosexualité .....................
N
Nicée ...................................
Néoménie.............................
Nouvel an............................
Noé ......................................
T
tabernacle ..............................
talith .......................................
tefilines.................................
Talmud ................................
teba.......................................
tefillins .................................
Temple .................................
Tétragramme .........................
Thora .....................................
Tou Bichvat ...........................
Tsedaka .................................
tsitsits.......................................
C
calendrier ....................................
calendrier juif...............................
Cantor ........................................
cacher.........................................
Cantique des Cantiques.................
Chandelier...................................
Chavouoth ..................................
Chema ......................................
chofar ........................................
Christianisme .............................
circoncis ....................................
circoncision ...............................
commandements .......................
Commandements .....................
communauté ............................
communautés ...........................
confession ...............................
Consistoire ..............................
I
inhumation .........................
Inquisition ..........................
Isaac ..................................
Ismaël ...............................
Ismaélites............................
Israël ..................................
Israël Etat............................
Israéliens ...........................
Israélite ..............................
Israélites .............................
O
Omer (jours d'Omer)
Orthodoxes............................
U
ultra-orthodoxes........................
D
David .....................................
Diaspora .................................
Dieu ...................................
divorce ...............................
J
Jacob .................................
Jehova ................................
Jérusalem .........................
Jésus .................................
Joseph ...............................
judaïsme ...........................
Judaïsme .............................
judaïsme réformé .................
judéité ................................
juif ......................................
Juif .....................................
juifs ....................................
Juifs ........................... .......
Juifs libéraux .......................
juive ..................................
P
Palestine ....................
Palestiniens .................
Pâques ......................
Pentateuque ..............
Pentecôte ................
personnalités juives ...
Pessah .....................
pogroms .................
Pogroms ................
Pourim ...................
prière .....................
prières .....................
prophètes .................
pureté et impureté ....
V
Vatican II .........................
Verbe (Le Verbe)...............
E
écriture ..................................
Elohim ..................................
embryon .................................
étoile de David.........................
K
Kabbale .......................
Kaddish ......................
kasher .......................
Ketubim ......................
kippah ..........................
kippah ........................
Knesset ...............................
Q
Quaddich ..................................
rabbin ......................................
religion ....................................
religions ...................................
W
Wannsee ..................................


X
F
Falashas .................................
femme juive ..........................
femme juive en Occident ........
femmes .................................
L
La Nuit de Cristal ................
ladino .................................
laïc 10
Latran .................................
Le Cantique des Cantiques ...
libéraux...............................
livre de Ruth ......................
Livres de la Loi................
R
rabbin ......................................
religion ....................................
religions ...................................
rites ..........................................
Roch Hachana ..........................
Roch Hodesch.................;;;......
Romains ...................................
Y Z
Yahvé .......................................
yiddish ........................................
Yiddish .......................................
Yom Kippour ...............................
Zohar...........................................


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REFERENCES
ATTALI Jacques, Dictionnaire Amoureux du Judaïsme. Plon Fayard 2009.
BENIZRI Chalom, ex grand Rabbin communauté sépharade de Bruxelles: Réflexions sur les lectures de la Thora. Foyersef 2006.
GUIGUI Albert, grand Rabbin de Bruxelles : Les Fêtes Juives (ouvrage pour l’éducation des jeunes)
GUIGUI Albert, grand Rabbin de Bruxelles : Le Judaïsme, Toute une Vie. Racine 2015.
ISRAEL Gérard : La Question chrétienne, une pensée juive du christianisme, Payot et Rivages 2008.
JARRASSE Dominique, Synagogues, une architecture de l’identité juive, Soc. Nouvelle Adam Biro, 2001.
JUSTE  Myriam, Arbre des enfants d'Abraham. Brepols & Informatique et Bible (Maredsous). 1990. L'Annexe 2 en est directement inspirée.
LONG Didier et HADDAD Gerard : Tu sanctifieras le jour de repos, Editions du Seuil 2006.
LAURENTIN René : L'Église et les Juifs à Vatican II, Casterman, 1967
NATAN Daniel : Interviews
RASKIN Isabelle et JEANMART Adeline : Le Judaïsme
RIFFLET Jacques : Les Mondes du Sacré Editions Mols -Autres Regards- 2000.
SIBONY Daniel : Nom de Dieu Par delà les trois monothéismes Editions du Seuil, 2006.
Revue « REGARDS », nov 2008, articles de David Susskind et Nicolas Zomersztajn.
EISENBERG Josy Emissions du dimanche matin sur FR2 : « JUDAÏCA » animée par ce rabbin Josy Eisenberg jusqu'en 2017.
Aspects psychosomatiques de la consultation en gynécologie par Michèle Lachowsky, Diane Winaver. Publié par Elsevier Masson, 2007.
LOVI Emmanuel : Mes Carnets de doute (2016, édition hors commerce). Cerne l'aspect communauté juive en pages 41 à 44.
EDITH BRUDER : Juifs d'ailleurs, Diasporas oubliées, identitiés singulières; Albain Michel, 2020.

“Women in Judaism” from Wikipedia, English version : 10 pages très documentées et très bien référencées.
www.col.fr/arche/518art2.htm
www.hebreu.org
www.jewishvirtuallibrary.org : site de l'American Israeli Cooperative Enterprise.
Utilisation restreinte étudiants UTA Lyon - avril 2003 (v. 1) – Internet : uta.univ-lyon2.fr
Campus numérique – Université Tous Ages - Université Lumière Lyon 2
http://www.knowhowsphere.net/Main.aspx?BASEID=DEB : Dictionnaire Encyclopédique de la Bible. Centre Informatique & Bible Abbaye de Maredsous, 3ème éd.


Illustrations

Les photos, dessins, graphiques sont de l’auteur.
L'annexe 2 est un graphique manuel qui s'inspire d'une partie du travail de Myriam Juste, citée en référence. Je n'ai pu  reproduire la qualité graphique de l'original !
Tous ces travaux ne peuvent être copiés sans mon autorisation expresse. (g.natan@skynet.be )

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POSTFACE : A propos de l'auteur
 
Cher lecteur, en quoi suis-je mieux placé que d'autres pour expliquer le judaïsme de manière suffisamment détaillée, tout en gardant un regard extérieur sur ce qui est à la fois une culture et pour beaucoup aussi une religion ?
C'est que je suis, en 2020, dans les derniers de ce qu'on appelle "un enfant caché" : ceux qui, nés de famille juive peu avant la guerre 1940-1945, furent extraits à la vue des Nazis. Je n'avais que 2 ans en 1940. On vivait à Ixelles. Mon père était bien placé pour savoir ce qui se passait avec les juifs en Allemagne, surtout depuis 1937. Il s'occupait en effet de l'accueil de réfugiés juifs allemands.
C'est ainsi que je me retrouvai dès 1941 en pré-primaire dans une école tenue par les 
sœurs d'un couvent catholique proche. La religion, pour moi, puis pour mon frère, fut le catholicisme romain. En fin 1942, la situation empirant, nous fûments accueillis par une dame Golard et sa fille, dont nous portèrent le nom. Nous continuâmes à fréquenter une école de sœurs durant le reste de la guerre. Je vous passe les détails de notre aventure, de celle de ma mère et de celle de notre père qui fut déporté à Buchenwald. Il en revint cependant vivant. Après 1945, il n'y avait plus d'école juive à Bruxelles. Par reconnaissance, ma mère continua à confier ses deux enfants à l'enseignement catholique, chez les Frères des Ecoles Chrétiennes. Nous leur étions d'ailleurs alors très proches religieusement parlant.
Ce qui est important de savoir pour comprendre la rédaction de ce petit ouvrage, c'est que je ne découvris la religion juive qu'après mes 12 ans. Avec un profond étonnement et une certaine incompréhension.
C'est ce chemin de découverte, parcouru très progressivement au cours de ma vie, qui me permet de jeter sur ce qui, depuis, est devenu ma religion "officielle" un regard que je qualifie toujours d'extérieur. Je ne me sens pas complètement juif, ni religieusement, ni héritier d'une tradition ancienne à perpétuer.
Ce que je suis, c'est un "croyant".

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REMERCIEMENTS

 
Je remercie tout particulièrement :
Mon frère Daniel Natan, décédé fin 2019, qui m’a fourni nombre d' informations de base pour réaliser ce livret :
Il réalisait habituellement des visites guidées de notre synagogue jusqu’en 2012, il sait donc utilement faire la part de ce qui intéresse la plupart des non juifs de l’ensemble du savoir des initiés.
Ma filleule Armelle Simon-Larue, qui avait pris résolument en main la correction, la mise en page et la présentation de cet ouvrage, avant cette version sur Internet. Son regard de non juive fut également très utile.
Mon ami François Brooks de Montréal, qui a mis une première mouture de ce texte dès 2005 sur son site philosophique http://www.philo5.com/index.htm . C’est lui qui m’a fait remarquer que la page « judaïsme » était fort consultée, ce qui montrait une attente d’un ouvrage de vulgarisation en français.
R.-Ferdinand Poswick et Yolande Juste, et mon épouse Marianne, pour leur relecture attentive de l'une des dernières versions de ce texte.
Monsieur Guy Gerbi, qui a relu avec attention et proposé quelques ajouts et corrections.
Mes amis Freddy Lehman et René Mathieu qui m'ont suggéré plusieurs améliorations ou compléments.


Avertissement :
Les rabbins et les Juifs élevés dans leur religion auront trouvé nombre de manques et d’approximations. Je reste à l’écoute de leurs remarques, même si l’ouvrage, comme son titre l’indique, ne s’adresse ni à eux, ni à l’éducation de leurs enfants.



Contact avec l’auteur:
g.natan@skynet.be


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