1 Méthode de composition via programmes et séquences aléatoires 2 Programmation et musique via grammaires formelles.

Le compositeur Iannis Xenakis
3 Programmation de musique via le son des circuits électroniques

2  Programmation et musique via grammaires formelles.
Jacques Thibault est un compositeur contemporain de musique électronique. Il nous explique ci-dessous, en simplifiant, et dans le cadre d'un échange sur le sujet, sur quelles bases il  a travaillé. Il a utilisé dans les années 1970 des automates basés sur des grammaires formelles floues, alors qu'il côtoyait le célèbre compositeur Iannis Xenakis pour réaliser de la musique électronique.
 
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Quelques définitions :

Une cadence est une formule mélodique et harmonique qui a pour fonction de conclure un morceau ou une phrase musicale. Elle est constituée d'une progression harmonique d'un accord de dominante vers un accord de tonique.
Cette définition propre à la musique classique, est aussi valable, avec des nuances, dans d'autres types de musique.
En savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cadence_(musique)#Types_de_cadence

Une grammaire formelle est définie par un ensemble de symboles dits  non-terminaux (En),
un ensemble de symboles terminaux (Et)
un ensemble de règles de production (P)
et un "axiome" (généralement noté S).
La forme des règles de production diffère suivant le type de grammaire. Selon la classification de Chomsky, il existe 4 type de  grammaires (types 3 à 0 , de la plus simple à la plus complexe).
Je renvoie à Wikipedia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Grammaire_formelle#Hi.C3.A9rarchie_de_Chomsky ) pour de plus amples informations, bien que cet article soit assez  sommaire...

Une grammaire floue est simplement une grammaire formelle où les règles de production sont pondérées par un degré d'appartenance  (compris entre 0 et 1) à l'ensemble des règles de production (P).
Les grammaires floues sont décrites dans le tome 2 (pages 51 à 60) de  A.Kaufmann, sur les sous-ensembles flous (je possède les 2 premiers  tomes).

Grammaire floue et Composition musicale.
J'ai utilisé ce type de grammaire pour générer des enchaînements  d'accords conformes aux règles d'harmonie classique, en particulier pour les cadences (voir l'article Wikipedia sur les cadences : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cadence_(musique)#Types_de_cadence)

Par exemple, la cadence rompue qui enchaîne un accord différent du  premier degré (en tonalité de do majeur, l'accord du premier degré est  l'accord parfait do-mi-sol) à la suite du cinquième qui est sol-si-ré  
(on le remplace généralement par le sixième degré, mais pas toujours, sixième degré qui sera, toujours en do majeur, la-do-mi).
 
Les grammaires floues permettent d'indiquer que, par exemple, la règle de cadence parfaite appartient à 0,8 aux règles de production alors que la cadence rompue y appartient à 0,3.

Il faut remarquer que les grammaires floues permettent une plus grande souplesse que les probabilités car la somme des degrés d'appartenance des règles de production n'est pas nécessairement égale à 1 comme en probabilité. Cette somme peut être supérieure ou inférieure à 1 en grammaire floue.

En paramétrant les degrés d'appartenance des règles de production d'enchaînement des accords, ceci permet de se rapprocher (ou de s'éloigner) de "l'orthodoxie classique".

Pour ces recherches, je n'ai produit que du papier, d'ailleurs perdu dans un déménagement, car il y avait d'autres problèmes à régler au  CEMaMu de Iannis Xenakis comme, par exemple, s'interfacer avec le  convertisseur digital/analogique que le CNET avait fabriqué pour lui.

Par contre, j'ai automatisé, en 1975, le chapitre 2 (Musique stochastique markovienne : http://www.iannis-xenakis.org/MF/Chapitre%20II.pdf)  du livre de Xenakis (Musiques formelles) en utilisant le fameux 
convertisseur. Un résultat de l'époque figure sur mon site à l'adresse
 http://pagesperso-orange.fr/jacti/jacti/Biographie_files/3min20sec.mp3
.
Outre que le résultat est en mp3 pour des raisons de place, la qualité est moyenne car la bande à partir de laquelle vient cet échantillon date de plus de 30 ans ! (pour la petite histoire, ces 3'20" ont demandé plus de 3 heures de CPU sur l'IBM 360 du CIRCE de l'époque).
Mon programme est strictement conforme à ce que décrit Xenakis dans son livre (les grains élémentaires du programme sont des "grains de  Gabor"). Ce qui m'a incité a réaliser ce travail (et c'était beaucoup de travail...) ce sont les remarques qui figurent dans les 2 derniers  paragraphes de la page 122 du chapitre II du livre de Xenakis mentionné ci-dessus..

J'ai fait ce que j'ai pu en jouant avec les traitements numériques de  Logic Studio (égaliseurs et filtres paramétriques...) pour obtenir ce  résultat.

Jacques Thibault
__________________________________
Site : www.jacti.fr avec extraits musicaux.

note : .................
 J'ai utilisé des automates basés sur des grammaires formelles floues pour produire de la musique dans les années 70 lorsque je côtoyais Iannis Xenakis.


 


Un Créateur important du XX ème siècle

Compositeur, architecte, ingénieur civil, Iannis Xenakis est né le 29 mai 1922 à Braïla (Roumanie). Résistant de la Seconde Guerre Mondiale, puis condamné à mort, il est réfugié politique en France depuis 1947 et naturalisé français depuis 1965. Décédé à Paris le 4 février 2001.

Il a étudié à l'Institut Polytechnique d'Athènes avant d'entreprendre des études de composition musicale à Gravesano avec Hermann Scherchen, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris avec Olivier Messiaen. De 1947 à 1960, il est collaborateur de Le Corbusier comme ingénieur et architecte.

Inventeur des concepts de masses musicales, de musique stochastique, de musique symbolique ; ayant introduit le calcul des probabilités et la théorie des ensembles dans la composition des musiques instrumentales, il fut l'un des premiers à se servir de l'ordinateur pour le calcul de la forme musicale. Pionnier également dans le domaine de l'électro-acoustique, auteur de plus d'une centaine d'oeuvres pour toutes formations, il apparaît aujourd'hui comme l'une des figures les plus radicales de l'avant-garde, ayant inventé la plupart des techniques compositionnelles caractéristiques de la musique d'après 1945, mais aussi l'un des rares créateurs dont la vitalité ne s'est jamais démentie, et qui a, de plus, conquis un large public.

Architecte du Pavillon Philips à l'Exposition Universelle de Bruxelles en 1958 ainsi que d'autres réalisations architecturales telles que le Couvent de La Tourette (1955), il a composé Polytopes - spectacles, sons et lumières - pour le Pavillon français de l'Exposition de Montréal (1967), pour le spectacle Persepolis, montagne et ruines de Persepolis, Iran (1971), pour le Polytope de Cluny, Paris (1972), pour le Polytope de Mycènes, ruines de Mycènes, Grèce (1978), pour le Diatope à l'inauguration du Centre Georges-Pompidou, Paris (1978).

Il est fondateur et président (1965) du Centre de Mathématique et Automatique Musicales (CEMAMU) de Paris ; Associate Music Professor de l'Indiana University, Bloomington (1967-1972) et fondateur du Center for Mathematical and Automated Music (CMAM), Indiana University, Bloomington (1967-1972) ; Il est aussi chercheur du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Paris (1970) ; Gresham Professor of Music, City University London (1975) et professeur à l'Université de Paris - Sorbonne (1972-1989).

Extrait du catalogue des éditions Salabert


 

 

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