Les Cartes perforées
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Les Origines
Le principe des cartons perforés fut mis au
point par Falcon au tout début des années 1800. Il fut diffusé
largement grâce aux machines de Jacquart.
C'est H. Hollerith qui songea le premier à les utiliser comme support
d'informations, exploitées par sa machine à statistique en
1890. Sa carte comprenait alors 24 col de 12 lignes. La dimension, 16,8
X 8,3 cm était proche de ce qu'elle allait devenir . (réf
Lars Eide)
En 1897 Hollerith revoit le concept de sa carte afin d'y insérer des
zones numériques. Son but est d'encoder des données relatives au fret
dans les chemins de fer.
En 1900, un autre type de carte perforée fut imaginé par J. K. Gore pour
des statistiques d'assurances; elle fut la première à comporter des
zones numériques.
Sa carte avait 90 positions en tout et était 57% plus petite que celle
de Hollerith. (réf
Lars Eide).
En 1901, H. Hollerith a l'idée de faire payer ses machines louées via
la consommation de cartes, lesquelles doivent être achetées chez lui ! (réf
Lars Eide p62).Ce système perdurera jusqu'en 1913.
voir chapitre consacré à la
chronologie historique
pour plus d'information sur l'histoire des machines.
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Les Codes des CartesDepuis la première machine à statistiques
d'Hollerith, toutes les cartes perforées étaient à trous ronds. Le code
utilisé dépendait de l'application, puis fut propre à chaque
constructeur. Des variantes très diverses furent présentes.
La majorité des constructeurs se rallièrent cependant au format de la
carte Hollerith avec ses 45 col. trous ronds (voir illustration chapitre
suivant).
Le premier code alphanumérique complet apparaissait en 1907. En
effet, Pierce introduit à cette date une tabulatrice avec impression de
tout le jeu des 26 lettres. Il choisit un code qui est proche de celui
qu'adoptera Hollerith en 1928 (voir ci-dessous).
(réf
Lars Eide)
En 1928, IBM lança sa carte perforée 80 colonnes à trous
rectangulaire et un code alphanumérique, dit "code Hollerith".
Ce fut une énorme révolution technique pour l'époque...et IBM l'avait
brevetée pour le monde entier! Ses concurrents furent mis en difficulté.
Le code Hollerith de l'époque comprenait les 10 chiffres, les 26 lettres
et + et &. La codification des lettres était basée sur les combinaisons
lignes 0, 11 ou 12 et les lignes chiffres; (29 combinaisons).
A partir des années 1930, le code carte Bull fut fixé de
manière stable jusqu'à la fin des machines Bull à cartes perforées :
c'est le code AN7 (Alpha Numérique ).
Il se compose de combinaisons des 10 chiffres plus 24 lettres, le I est
= 1, le O est = 0, l'espace (aucune perforation) et le point. Une
photo ci-dessous l'illustre.
Mais La Compagnie des Machines Bull adopta le nouveau type de cartes
avec des trous de rectangulaires comme ceux d'
IBM, répartis sur 80 colonnes !
Ceci donna lieu dès 1935 à des plaintes pour "contrefaçon" de la part de
la filiale française d'IBM.
Un procès fut intenté en France, par cette filiale, à ce sujet, contre
la CMB en 1940. Ce procès ne s'éteindra en France qu'en 1947 quand le
Cour d'Appel de Paris débouta enfin le plaignant.
Mais il fallut attendre le début des
années 1950 aux US, pour voir une fin à cette exclusivité du
type de carte IBM.
Bull avait invoqué un incroyable monceau d'arguments juridiques et
techniques qui subsistent encore dans les archives de la Compagnie.
Mais si la CMB adopta le type de perforation de carte d'IBM, elle conserva un code carte
fort différent du code d'IBM, dit code Hollerith.
Pour plus de détails sur le code carte Bull, voir la page carte perforée du site
FEB Belfort
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La Standardisation
La dimension des cartes perforées
(18,7 cm/8,2 cm) aurait été choisie par Hollerith en fonction des
classeurs disponibles pour les billets en $ de cette époque.
En tous cas, la carte à 45 col de cette dimension ne fut adoptée par
Hollerith qu'en 1907 et devint un standard de fait du marché. (réf: Lars Heide)
Appelées "punched cards" en anglais, elles ont parfois été nommées
"cartes poinçonnées".
Le format général des
cartes perforées fut conservé mais les dimensions des trous, devenus carrés,
furent définit et brevetés par IBM en 1927.
Les constructeurs de machines mécanographiques
gardèrent leur propre système de
codage des lettres et caractères spéciaux, et certains
gardèrent des trous ronds au lieu de carrés jusqu'au
début des années 50. (Powers, Samas) (voir
codes cartes).
Le carton utilisé pour la fabrication des cartes a eu des
exigences de plus en plus sévères du point de vue résistance à la
déformation, épaisseur, poids, découpe sans bavures, absence de tout
décher métallique, maintien des
caractéristiques dans le temps.
P. E. Mounier Kuhn raconte ceci : Jusqu'au début des années 1930, seules
quelques papetiers US parvenaient à répondre au cahier des charges.
IBM avait des accords avec ceux-ci, et exigeait de ses clients (clause
de garantie) qu'ils
passent par lui pour la fourniture des cartes. (Comme maintenant, les
constructeurs d'imprimantes le font avec les encriers).
Les Papeteries Aussedat répondirent vers 1932 à la demande de fourniture
de Bull, et entrèrent dans le capital de cette société. (voir site
A. Aussedat pour toute l'histoire). Après de gros investissements, elles arrivèrent au haut niveau
de qualité exigée. Des intérêts financiers croisés lièrent alors les
deux sociétés et la société Michelin. D'autres papetiers européens
suivirent après guerre. (Capestat en Belgique).
Poids et conditionnement
Les cartes 80 col. étaient livrées en boîtes carton de 3.000. Une boîte
pesait 6.7 kg.
Les cartes devaient être stockées bien compressées, soit dans leur boite
carton d'origine, soit dans des bacs à cartes munis d'un presse
carte, ceci afin d'éviter toute déformation due à l'hygrométrie.
Les cartes devaient séjourner 48 heures dans le local d'exploitation
avant leur utilisation.
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Résidus de la perforation :
Des petits rectangles de carton appelés "confettis", dont
il fallait régulièrement débarrasser les machines.
Codage : voir premier chapitre de cette page.
Sens de lecture :Pour des raisons de performances, les machines liront les cartes
ligne par ligne au lieu de colonne par colonne, ce qui nécessitait donc une
mémorisation de toute la carte avant calcul.
une exception : la traductrice (interpréteuse) colonne par colonne.
Vérification, contrôle :
Une abaque (calibre) spéciale dont photo jointe permettait aux techniciens de
vérifier les dimensions des cartes en cas de contestation d'un lot, et
le bon positionnement des perforations effectuées par les machines,
point essentiel pour s'assurer une bonne lecture dans le traitement
suivant.
Correction :
Une perforation manquante dans une carte pouvait aisément être rajoutée
via une poinçonneuse de cartes.
Une perforation excédentaire dans une carte : on pouvait "boucher" le
trou à l'aide de petits stickers spéciaux vendus à cet effet.
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Autres aspects de cartes perforées
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 Carte réduite à un nombre limité de colonnes
Comme dans l'exemple ci-contre, il s'agissait souvent d'une possibilité
de découpe de la carte en vue de certaines applications. : carte à
volets. |
 Mini-cartes
Ce fut une tentative limitée, car si les dimensions réduites étaient
pratiques, le nombre de colonnes (40) l'était aussi !
La photo ci-contre permet de la comparer une carte format standard .
La carte perforée présentée a été "traduite",
("interprétée), c'est à dire qu'une
machine traductrice a imprimé le caractère alphabétique encodé. |
 Cartes à format compact conçues par IBM pour quelques petits systèmes :
(Système 3).
Elles ont
3 * 32 colonnes de 6 positions.
Dimensions : 8,2 / 6,7 cm
Un peu plus d'informations dans un format presque trois fois plus petit,
pratique ! Le succès fut limité aux nouveaux clients. Les anciens
avaient déjà des perforatrices et des trieuses de cartes aux anciennes
normes.
De plus ce format se prêtait mal aux cartes programme Cobol, Fortran et
autres.
La traduction du contenu sur trois lignes nécessitait une complication
des traductrices (interpréteuses).
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Perforez vous même une carte
grâce à un site extérieur découvert par Jean Bellec
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Ici à gauche faites l'expérience de la perforation de
cartes. |
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Collection de cartes perforées visible à FEBB |