Plan du Site

F.E.B.B.

accueil du site menu histoire   Contact  

 

Bull et son client AG (Assurances Générales)
 

maj 10/11/08

Ceci est une chronique construite à partir d'éléments fournis par des Anciens collaborateurs de Bull
A compléter et corriger via "Contact", merci

 

Chronologie historique rassemblée par  G Natan

C'est en 1824 qu'est créée la Compagnie d'Assurance Générale AG qui sera longtemps surnommée les "AG de 1824".

Il faudra attendre 1965 pour voir la naissance de La Société Générale de Banque, partie du holding de La Générale.

En 1965, avec le rachat de Bull par GE, les AG convertissent leurs applications et les développent dans la ligne de produit GE400 vendue par Bull-GE.
Ces machines restèrent de nombreuses années en service, et quand les AG passèrent à la série 6000, deux GE400 continuèrent à assurer certaines applications.

On ne peut parler de l'informatique des AG sans évoquer le souvenir de leur super centre créé vers 1975 à Evere.
Il avait été conçu lorsque Dankers était responsable informatique. Il devait pouvoir résister à toute attaque malveillante venue de l'extérieur, résister aussi à une éventuelle chute d'avion (Evere est proche de l'aérodrome). Son accès faisait appel aux plus récentes techniques de sécurité.
Une salle géante, que l'on pouvait découvrir depuis un bacon visiteur (sécurisé), contenait fin des années 1980 un nombre respectable d'ordinateurs, dont 2 GE400, un IBM, des GE 6000 interconnectés et une mer d'unités de disque.

En 1980, un reportage dans "Système d'Informatique" est consacré aux AG, "Le plus grand client de Bull Belux".

C'est en janvier 1989 que l'annonce est faite en interne chez Bull : Les AG ont décidé de changer de fournisseur informatique. Raison invoquée : Bull n'aurait pas la capacité de prévoir les besoins des AG". (Note interne disponible chez GN).
Du matériel IBM remplace progressivement celui de Bull.

En l'an 2000, les AG deviennent Fortis AG, puis Fortis Assurances.

En juin 1999 est opérée la grande fusion de la Générale de Banque, la CGER, 3 banques néérlandaises.

En 2005, la Banque Générale de Luxembourg devient 100% Fortis dont elle prend le nom.

En octobre 2008, suite à la grande crise bancaire, le groupe Fortis est démantelé.

En 2009, la partie assurance reste sous le holding "Fortis", la partie banque est rachetée par BNP.

En 2010, la section assurance reprend à peu de choses près son ancienne dénomination , elle devient "AG Insurance".

 

 

Souvenirs J. Gilon et E Vercruysse

Après la guerre, les AG étaient équipés de matériel à carte perforée chez Remington, lequel avait repris SAMAS et POWERS.

C'est vers 1956 que la Société des Machines Bull en Belgique présenta son matériel aux Assurances AG et parvint à convaincre la redoutable Mlle Feuillat, responsable informatique, et sa hiérarchie de la supériorité du matériel Bull sur ses concurrents d'alors (IBM, Remington)

Le contrat signé, l'équipe Bull, composée de Jacques Gilon (analyste) et Ernst Vercruysse (programmeur) eut à résoudre le très difficile problème de lecture des cartes à 45 trous ronds SAMAS et surtout les cartes POWERS à 45 trous ronds, mais qui enregistraient 2 chiffres par colonne (analogie avec les "quartets" qu' IBM utilisera plus tard pour optimiser l'usage des octets de mémoire. Pour la reprise de ces informations sur cartes à trous standard 80 colonnes IBM et Bull Jacques Gilon dût faire le déplacement à Bull Paris pour une adaptation temporaire du matériel Bull, à savoir d'une M2V connectée à une reproductrice (PRD). La réalisation de cette modification fut réalisée chez Bull en Belgique.
Toute difficulté n'était pas encore vaincue à ce stade : La PRD/M2V spéciale transposait bien chaque trou rond en trou carré dans une position identique. Encore fallait-il que l'information prenne sens dans la tabulatrice Bull. Ceal nécessita de faire encore appel à la créativité de J. Gilon et E. Vercruysse.
 

Jean-Jacques de Bassompierre a le souvenir suivant :

Il est possible que nous n’ayons pas été tous très bons mais je ne le crois pas, il est très probable que nos zinzins n’étaient pas irréprochables (ce fichu DPS 9000 non,88…), mais il est un élément commercial, je dirais humain, qui a incontestablement pesé dans la balance. Je crois pouvoir aujourd’hui y faire allusion parce qu’il ne comporte aucun reproche à quiconque et qu’il y a évidemment prescription…

Cet évènement est survenu en 1981, il s’agit de l’accession de Maurice Lippens au conseil d’administration des A.G., nomination qui annonçait dès ce moment son avenir comme grand patron, ce qui allait d’ailleurs se confirmer très vite. Or, je savais qu’il était un américanophile convaincu : revenant des Etats-Unis avec son diplôme de Harvard sous le bras, plongé dans l’ambiance de la Silicon Valley et du « défi américain » de Jean-Jacques Servan Schreiber, il n’y avait de bien que d’américain et IBM en était la preuve vivante…

Comme directeur général, je l’ai donc rencontré à plusieurs reprises pour lui faire connaître Bull, et d’abord avec Philippe de Woot, un de ses cousins, sommité en économie, prof à l’UCL et administrateur chez nous. Je le fis ensuite rencontrer notre PDG à Paris, nos responsables commerciaux firent un maximum, rien n’y fit, IBM restait le plus beau dans son esprit !!! Et quand le patron a une idée en tête, le hasard veut que cela déteigne très vite sur ses collaborateurs… Et quelques années plus tard, il eut fallu un miracle pour éviter l’entrée en force d’IBM !

 

de René Mathieu

Les micros packs étaient refroidis par un liquide antigel, et " tombaient en marche et marchaient en panne " comme disait le directeur luxembourgeois du Crédit Européen.
Les techniciens qui maintenaient les AG se sont pourtant accrochés à cette machine pour la faire fonctionner.
 

de André Moens

En tant que responsable technique des AG à l'époque, nous dit André Moens, j'apporterai quelque explication complémentaire:

Il ne s'agissait pas du DPS9000 mais bien du DPS88 travaillant également sous GCOS8 (le DPS9000 n'a été commercialisé qu'après le DPS88).
Le système DPS88 était à la pointe des concepts et de la technologie de l'époque mais des contraintes de rentabilité ont amené le constructeur à réduire drastiquement le coût de production des micropacks LSI. Ceci a conduit à une perte de fiabilité des composants micropackaged, principalement au niveau des micropacks "Cache Memory" qui réduisaient le MTBF (mean time between failure) à moins d'une semaine calendrier.
Suite aux déboires rencontrés par la production, BULL s'est tourné vers le DPS9000 développé par NEC sur base de l'acquit Honeywell-Bull en tout grands systèmes.

Je tiens encore à féliciter l'équipe technique qui a maintenu "à bras le corps" un système qui devait fournir aux AG un taux de disponibilité très élevé (> 98%).

En ce qui concerne Paribas, je pense que notre départ était plus la conséquence d'une décision "politique" de la part du client; comment expliquer que nous avions des systèmes trop peu puissants alors que les AG faisaient tourner une exploitation sous GCOS8 avec 1.000 End-Users accrochés à leurs 1.000 terminaux pilotés par 4 Front-End Processors, eux-mêmes connectés à un Quadriprocessor DPS8 qui garantissait un temps de réponse de 3 secondes pour chaque transaction !?

On devrait plutôt trouver une explication dans le manque de logiciels BULL pouvant traiter ce type d'application...

Bien à toi (et toujours à ton écoute),

André
 

Note de Freddy Lehman
 

La caractéristique de ces remémorations qui tentent à (r)établir la Vérité historique ou plus modestement le cours des choses, c'est la diversité des points de vue. Car notamment, chacun de bonne foi, revendique sa part de gloire dans les succès et sa parfaite irresponsabilité dans les échecs.
Voici donc quelques éléments que je dépose au dossier. Comme il se doit, subjectifs mais néanmoins basés sur ce dont je me rappelle des faits.

1969:l'année des grands défis. Neil Armstrong pose son pied sur la lune.
C'est en septembre 1969 qu'Alex Hanuse, alors directeur commercial, crée le Département des Large Systems dont il confie la direction à Maurice Defonseca.
C'est en 1969 que la Direction des A.G. se lance dans l'élaboration d'un plan informatique d'envergure (horizon 10 ans) visant à remplacer les GE/400 de son parc avec l'ambition de passer de la simple automatisation des tâches administratives à une gestion "moderne" laquelle rapprocherait l'utilisateur final d'une base de données centralisée par l'implantation massive de terminaux. Cette mission est confiée par le directeur général des A.G. , Maurice (?) Frère (rien à voir avec Albert ni d'ailleurs avec les Lehman brothers) à André Lamens, directeur de l'Administration et de l'Informatique et son adjoint J.-B.Danckers.

Après une longue étude ( cahier des charges, présentations, benchmark) le choix se porte sur Bull et le GE/6000 bi processeur).
Parmi les critères qui emportèrent alors l'adhésion, on peut retenir:
- les (très) bonnes relations commerciales avec Bull et ce à tous les niveaux.
- les compétences techniques d'une équipe Large Systems Support totalement dédiée aux Grands Systèmes et ayant fait la preuve de leur savoir-faire.
- les caractéristiques (uniques à cette époque) du matériel, à savoir : base de données intégrée IDS, Front-end processor DATANET, Multiprocesseur assurant ( toute chose étant égale par ailleurs) une meilleure fiabilité en cas de pannes,...
En outre, suite à la récente reprise de Bull-General Electric par Honeywell, Bull beneficiait d'un a priori favorable sur le plan de la solidité industrielle et financière. (Lors d'un voyage à Phoenix en juillet 1970, André Lamens avait été particulièrement impressionné par la puissance industrielle d'Honeywell -encore fortement imprégnée de la vigueur et de l'auréole General Electric- ainsi que par le nombre de références prestigieuses déjà engrangées).
- Par ailleurs, André Lamens pressentait que les A.G. représenterait pour Bull le client le plus important en Belgique et donc se montrerait beaucoup plus attentionné et plus "souple" qu' IBM à tous les niveaux ( commercial, support, engagement contractuel, maintenance,...)


Le premier équipement a dû être installé vers 1975 (voir André pour plus de précisions) et pendant plus de dix ans, je pense qu'on peut affirmer que nos prestations ( commerciales, support et techniques) ont été largement appréciées et ce malgré toutes les difficultés et les crises que nous eûmes à affronter : fiabilité des micropacks, passage au dps88, passage de gcos3 à gcos8, logiciel TDS délicat et en perpétuel développement, terminaux capricieux,....)

La situation se dégrade dans les années 80 : Bull est nationalisé en 1982 (Paribas aussi en France ce qui provoque une irritation chez Paribas Genève qui lui, tout en restant privatisé, décide brutalement de renoncer à son DPS8000 et d'adopter IBM en signe de "représailles" ), NEC fait son apparition avec le DPS9000, les A.G. perdent quelque peu confiance en la pérennité de BULL (Monsieur Danckers ne manquera pas se moquer de notre "dikke NEC" !)
C'est à ce moment qu'entre en scène Maurice Lippens qui s'entoure de "barons" et se "débarrasse" petit à petit de l'équipe en place: d'abord Frère, ensuite Lamens (qui quitte ou est prié de quitter les A.G. pour prendre la direction des AGF: Assurances Générales de France (qui n'a rien à voir avec les A.G.) et enfin Danckers.
Nous n'avons plus d'alliés dans les sphères décisionnelles et dés lors notre sort est joué; je rejoins là les propos de Jean-Jacques.

Ironie de l'Histoire : Maurice Lippens n'avait guère confiance en l'avenir de Bull. Qui a contrario, fluctuat nec mergitur !

Freddy Lehman

 



 

     retour au menu histoire