Bull Gamma 10 (1965)
 
Le Gamma 10 était un ensemble électronique à cartes perforées présenté en fin 1963 .
Conçu par la Cie des Machines Bull, devenue  Bull General Electric en 1965, il se posait en concurrent à l'IBM 1401, quoique de conception assez différente.
Mémoire à tores de ferrite de 1.024, 2048 ou 4.098 car.(7 bits) de cycle 7,9 micro sec./car.
1.024 ne suffisaient que pour des travaux très simples.
Circuits basés sur des transistors au germanium (5 à 6.000), assemblés sur de petites plaques enfichables à éléments discrets.

Performances :
Durée du cycle inter-carte : 200 ms
Calcul : add de 2 nombres de 6 chiffres  = 0.22 ms
              mul de 2 nombres de 6 chiffres  = 5.60 ms
              div de 12 chiffres par 2 chiffres = 8.40 ms
lecture et perforation à 300 c/m
impression à 300 l/m au moyen d'un tambour d'impression réalisé au moyen de "galettes" accolées les unes aux autres.
Largeurs d'impression : 125 ou 132 caractères.
Double entraînement papier possible, comme visible sur la photo. 120 car par ligne.
une imprimante 600 l/m fut disponible plus tard.
Simultanéité complète entre les fonctions lecture, calcul et perforation.

Design : en 1963 Bull avait confié son Gamma 10 au grand designer Philippe Charbonneaux (info P.Mounier-Kuhn). La photo montre que l'ensemble était assez réussi. et n'occupait que 20 m², très peu pour un ordinateur de l'époque. Hauteur maximale : 1,90 m.
Poids de l'Unité Centrale = 900 kg, poids de l'imprimante  = 450 kg.

Bruit : L'imprimante était fort bruyante et démunie de capot. Mais il n'y avait pas encore de normes à cette époque.
 

Cet ensemble était de conception simple et robuste.

 Il profitait d'un sous-ensemble introduit par la Cie Bull pour la série 300 et modernisé : le lecteur/perforateur de cartes à 300 cartes / min (à droite sur la photo du haut, ouvert sur la photo de gauche). C'était un véritable chef-d'œuvre électromécanique, où aucune électronique n'intervenait encore : 5 moteurs synchrones, logique de contrôle à petits relais, arbre à came pour synchronisation (ouverture et fermeture des contacts électriques).
En entrée : une piste de 3.000 cartes pour les données et une piste pour les cartes vierges à perforer (300 cartes). En sortie, en plus de la case normale de réception des cartes (capacité de 3.000 cartes), deux cases spéciales de respectivement 850 et 750 cartes.
Cet élément introduisait un avantage considérable par rapport à la tabulatrice : la perforation dans la carte lue.
Avant cela, seules certaines calculatrices, comme la C3, indépendantes de la tabulatrice, avaient cette possibilité. Cela permettait de "valoriser" une zone de la carte après divers calculs, mais en introduisant une machine supplémentaire et relativement lente dans l'atelier.
 

Programmation du Gamma 10 en un auto code d'apprentissage aisé, lequel ne fut pas pour rien dans le succès de cette machine. Le programme était enregistré en mémoire via un jeu de cartes. Mais comme il n'y avait pas de mémoire périphérique, à chaque changement de programme, il fallait alimenter le programme suivant via cartes. C'était cependant bien plus aisé que de changer de tableau programme en tabulatrice !
La programmation pouvait aussi s'appuyer sur un petit tableau de connexion, le sélecteur d'indices de 32 positions, qui permettait d' exploiter les comparateurs de la piste d'entrée. ses possibilités multiples économisaient des lignes de programme, important vu la taille réduite de la mémoire.
Une originalité dans l'organisation des données en mémoire : les Zones :
L'adresse réelle d'une donnée n'est pas connue du programmeur. Chaque zone de la carte perforée introduite en machine recevait un numéro d'ordre. Le programmeur dressait la liste des zones et de leur longueur en nombre de caractères. Il désignait ensuite dans son programme la donnée correspondante via cette numérotation.
C'est à l'introduction du programme en machine que des cartes "zones" étaient introduites, provoquant l'établissement en mémoire dune table avec adresses réelles. Chaque zone était délimitée par un "drapeau".

 

Les raisons du succès du Gamma 10 :

Pour les ateliers mécanographiques de l'époque, une machine telle que le G 10 remplaçait plusieurs tabulatrices sans révolutionner l'organisation de l'atelier. La trieuse de cartes restait indispensable, l'interclasseuse, souhaitable.
Cette possibilité de transition douce de la mécanographie classique vers l'informatique à supports magnétiques fut la clé du succès de cette machine.
Citons aussi sa robustesse, sa simplicité de fonctionnement et de programmation et son encombrement réduit au minimum possible.

références : deux brochures de description générale "le gamma 10 compact Bull", non numérotées

Illustrations complémentaires : voir la page du site  http://www.technikum29.de/en/computer/gamma10 : une magnifique restauration exécutée en ce musée par une équipe de FEB Deutchland.

Formation à la programmation du Gamma 10 :


La Compagnie Bull -GE conçut un système de "formation programmée" qui se concrétisait par deux livres avec explications, questions et vérifications des réponses.
Ainsi l'apprentissage pouvait se faire au rythme de l'élève. C'était issu des premières expériences de Bull en matière d'enseignement par ordinateur.


Le Gamma 10 pouvait être équipé d'une à deux unités de lecture/écriture sur la partie magnétique de films 35 mm. (photo ci contre)
A l'époque, il n'y avait pas encore de standard universel concernant les bandes magnétiques, et ce moyen apparaissait comme économique.
Il eut cependant une diffusion limitée par rapport au nombre de Gamma 10 installés.
Ce périphérique (MFU 35) se retrouva en option sur le GE 58.

Capacité : 1,2 millions de caractère par bande.
Vitesse: environ 1,3 Kc/sec

copyright Bull et G. Natan retour menu histoire   
Visible et restauré à FEB en France (Angers) et à FEB Allemagne : ( http://www.technikum29.de/en/ )